Marcher
J'aime marcher, et cela, depuis ma tendre enfance. Enfin... pas tout à fait, puisque jusqu'à l'âge d' un an, je refusais de mettre un pied devant l'autre si je n'étais pas soutenue. Ma mère eut donc la brillante idée d'utiliser une ficelle pour que j'y parvienne. Nous oublions souvent que la marche est un privilège, une porte vers l'autonomie. Lorsque je vois des personnes âgées se déplacer avec une canne ou une marchette, je constate que leur mobilité réduite handicape leur liberté. Il est souvent laborieux de poser un pied devant l'autre et quand elles arrivent à destination, la fierté est au rendez-vous. Enfant, la marche a souvent contré mes pensées suicidaires. Ces moments de rendez-vous avec moi-même sans tensions, cris, reproches étaient ma thérapie quotidienne. Je posais mon regard sur les arbres, les fleurs, les maisons, les marches de trottoir toujours droit devant moi. Ma façon de contrer l'adversité et retrouver ma fierté.