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La petite fille qui aimait les raisins... et les concombres

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  Je l’aperçois, toute menue, chaussée de ballerines trop grandes pour elle. Elle porte un legging, un chandail gris avec des brillants. Elle sautille devant moi, légère comme une plume. Pendant notre premier rendez-vous, elle me parle de ses deux chats, nés au même moment, Annabelle et Moustache. Elle me confie qu’elle adore la chanson thème de la Reine des Neiges. Nos rencontres ont lieu à l’heure du lunch. Pour égayer le décor tristounet de la bibliothèque, j’ai amené une nappe mauve. J’ignorais que c’était sa couleur préférée. J’apprends à découvrir ses goûts culinaires. Elle a un penchant pour les fraises, les concombres et les raisins. Pour décrire ce moment, elle dit qu’elle fait traiteur, comprendre que c’est le service de la cafétéria. C’est sa façon d’enjoliver son quotidien. Le lien de confiance prendra beaucoup de temps à se construire. Ma petite reine des cœurs a besoin d’une relation signifiante avec un adulte qui est à son écoute. Parfois, nous dessinons. Elle découv

Célestine à Paris

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  En 2017, j’ai rencontré une petite fille adorable alors que j’étais sa mentore avec les Grands frères, Grandes sœurs . Un jour, je lui ai raconté l’histoire du Petit Prince qui voulait qu’on lui dessine un mouton. Quelque temps plus tard, alors qu’elle m’entendait discuter de mon prochain livre avec son enseignante, elle m’a demandé de lui en écrire un. Ses seules exigences étaient que ce soit une histoire de licornes et que l’album soit relié comme un VRAI livre. J’ai accepté à la condition qu’elle y participe en coloriant les dessins que je lui présenterais. Elle me parlait souvent de la tour Eiffel et de son désir d’aller à Paris. J’ai choisi de lui faire visiter cette ville par ce conte. Ainsi, Célestine, notre héroïne, se voit offrir le jour des neuf ans, un voyage à Paris par sa maman Célesta. En compagnie de sa sœur Célestina, elle ira retrouver sa grand-mère Céleste lors d’un arc-en-ciel lunaire. Comme dans l'histoire du  Petit Prince , il m'a fallu être patiente pou

Double exceptionnalité

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Vous savez, je me suis longtemps demandé pourquoi je pensais différemment. J’avais le sentiment de ne jamais me sentir à la bonne place, de déranger. En lisant  J’aime les Zèbres   de Dominic Gagnon, je me suis reconnue sous plusieurs aspects. Pour reprendre ses termes, je suis une double exceptionnalité : douance et TDA. Comment ai-je découvert que j’étais une surdouée ? En fait, mes résultats scolaires en dents de scie ainsi que ceux des tests psychométriques diminuant année après année, m’ont mené chez un psychologue pour évaluer mon quotient intellectuel. L’école disait que je n’avais pas la capacité pour poursuivre des études de niveau scientifique. Ce que ce test a révélé, c’est que j’avais un jugement pratique et abstrait beaucoup plus élevé que la moyenne. J’ai appris à lire et compter bien avant mon entrée à l’école. En classe, je résolvais des calculs mathématiques complexes en utilisant des méthodes inhabituelles, mais je trébuchais sur des tables de multiplication. Quand le

Ne jamais sous-estimer l'influence d'un livre

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Écrire pour dire. Écrire pour se souvenir. Écrire en suivant le chemin de son cœur, celui qui nous mène au bout de nous-mêmes.    Pour comprendre qui l’on est, il faut savoir d’où l’on vient. J’ai toujours aimé l’histoire, raconté la vie, celle des gens. Aurais-je pensé qu'un jour un de mes écrits serait la bougie d'allumage d'un projet de commémoration ? Non. La vie nous fait parfois de merveilleux cadeaux. Tout a commencé en  2012,  alors que je consultais la revue  Relations  produite par les Jésuites. Il y était question d'un village décimé par la silicose.   Plus je lisais, plus j’étais indignée. Les miens étaient du nombre des victimes. Le tout s'est joué dans  les années de la grande Crise et de la Deuxième Guerre. Le village a porté plusieurs appellations, dont celui des veuves blanches en lien avec la poussière de silice qui recouvrait le village. Près d’une cinquantaine de mineurs sont morts les poumons littéralement pétrifiés parce que leurs conditions d

BANDE SONORE- Extrait de Juste la vie qui va

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J'ai écouté l'enfance Où était-elle cachée? Rires, regrets, spontanéité Me souvenir de cette famille Différente de tant d'autres Retrouver mon identité Revoir l'emballage des cadeaux Ma mère ouvrant son coeur La parlure de mon père Étole de boeuf, vieille pitance Entendre nos voix Nous regarder de l'extérieur Était-ce ça le bonheur? Reconnaître dans le rire de mes fils Ceux qui furent les nôtres Ah! qu'ils étaient beaux mes Noël d'antan.

L'homme qui rit

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Chaque dimanche, La Presse publie un article qui traite de  L’épidémie invisible . Ces textes me touchent particulièrement en tant que parent.   Les préjugés rattachés à la toxicomanie m’ont longtemps isolée. Plusieurs personnes croient que les traitements fondés sur l’abstinence pure et simple sont LA solution la plus efficace pour soigner les dépendances.   Pour mon fils cadet, ce fut l’approche de la réduction des méfaits qui a porté fruit.   L'autre jour, je l'ai invité à regarder mes toiles et à porter son choix sur l'une d'elles. L'homme qui rit a remporté les honneurs, témoignant de l'enfant joyeux qu'il était.  Aujourd’hui, la lumière est revenue dans sa vie.  À la lecture de ce billet, il m’a dit : «  Si ce texte peut servir pour en aider d’autres, j’en serais très heureux  ». Quand un proche vit des problèmes de toxicomanie, cela impacte son entourage immédiat. Mon fils consommait pour calmer son anxiété. Moi, je m’étourdissais dans un milieu tr

Entre l'ombre et la lumière

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Si vous suivez l’actualité littéraire, un jeune auteur de 54 ans a fermé trop tôt, le livre de sa vie. Vous l’avez sans doute entendu au printemps dernier à l’émission Tout le monde en parle . Moi, j’ai eu l’opportunité de le rencontrer alors que j’organisais un salon littéraire à la Place Rosemère. J’ai souvenir d’un passionné de littérature, souriant, avenant, heureux de présenter ses œuvres. J’imagine que comme moi, vous avez été impressionné par sa résilience. Mourir dans la dignité demande beaucoup de courage et Simon à n’en point douter, n’en a pas manqué. Comme j’avance sur le fil de la vie, quelques personnes qui me sont chères ont basculé du côté de la lumière. Pour certaines, la mort les a surpris, pour d’autres, elle les a prévenus. Mais sommes-nous vraiment prêts à franchir le seuil de l’éternité ? Le fait d’accompagner quelques-unes d’entre elles m’a permis de comprendre que cette finalité n’est qu’une étape de la vie. Mon amie France me manque terriblement. Nourrir son