L'entretien imaginaire

Monsieur F. ce passionné de sport, de vélo, des chats et des gens de son village, me cause. Les sujets ne manquent pas. Le serveur vient prendre notre commande. Salade mixte et pâtes pour lui quant à moi, ce sera potage et veau. Nous sommes dans un restaurant italien comme son pays d’origine. Je lui raconte alors mon petit bestiaire félin.

Le premier chat fut recueilli par ma sœur et moi alors que nous étions enfants. La nuit venue avec la complicité de notre mère, nous le dissimulions sous nos couvertures. Notre paternel a rapidement découvert le subterfuge lorsqu’il reprit son horaire de jour. Exit le chat.

J’ai 24 ans, je suis au marché aux puces de Lesage avec des amis et l’appel félin se fait sentir. Narcisse, jeune mâle au pelage marbré, fait son entrée dans mon humble demeure rue Messier. Il affectionne ma vieille commode ancienne pour faire ses griffes et... son territoire. On n’a un chat qu’à soi une fois dans sa vie. Pas tout à fait, car le mois suivant, un coloc se pointe : Nougat. La cohabitation sera éphémère, le temps de traumatiser mes pauvres pinsons, il part vagabonder vers d’autres contrées. Narcisse reprend son territoire. Enfin ! Pas très longtemps. Une maladie m’oblige à le faire euthanasier. Les larmes que j’ai versées.

Après les mâles, je choisis les femelles. Peut-être sont-elles plus fidèles ? Tendresse fait son entrée dans ma vie. En peu de temps, je découvre les joies d’une chatte en chaleur. Je vous le dis... c’est INFERNAL ! En fait, Tendresse se révèle être une tigresse la nuit venue, s’acharnant sur un cadre qui ne lui plaît pas. Allez savoir pourquoi. Cependant, elle se love tout contre mon ventre.

L’enfant à naître a une affection particulière pour les chats. Pour ses deux ans, la famille s’agrandit et Punaise se laisse trimbaler pour le grand plaisir de mon fils qui refuse toutefois de partager sa couche avec elle. Un nouvel homme entre dans ma vie et... Punaise s’enfuit. Pendant de longues années, mon héritier a associé sa disparition à cet homme qui a une sainte horreur des animaux.

Une fois les liens du mariage desserrés, mes enfants me réitèrent leur désir d’avoir un chat. Je pose mes conditions : il doit être opéré et dégriffé. Mon fils aîné en ajoute une autre : il doit être noir comme sa chère Punaise et faire consensus. Nous voilà déambulant autour des cages à la SPCA. C’est fort simple, il n’y a qu’un seul chat qui satisfait tous nos critères : Milas. Affaire conclue.

Je parle depuis un long moment avec Monsieur F. Je m’étonne moi-même de mon épanchement félin. La conversation dévie sur la passion d’écrire. Je lui raconte qu’il y a trente ans, je m’étais inscrite à son cours d’écriture journalistique. Ayant manqué le premier cours, je m’étais pointée au second, plus tôt, avec l’espérance que je passerais inaperçue. C’était mal connaître Monsieur F., car en moins d’une il m’avait repérée. Le cours portait sur le « lead », l’amorce. Je n’ai pu continuer pour des raisons professionnelles. À mon grand regret. J’aimais sa façon d’être avec ses étudiants.

Gentil, il me dit que je dois poursuivre l’écriture, que c’est ma voie. Je reprends mes esprits. Monsieur F ne peut être avec moi. Je me réveille de cet entretien comme s’il était porteur d’un possible. Quel beau moment ! Mais surtout quel beau rêve !

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