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LES ENFANTS DE CHOEUR- Extrait LES BUTINEUSES

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  T oute jeune fille qui se respecte espère avec fébrilité l’achat de son premier soutien-gorge, ses premières règles et… son premier baiser. Vous savez, pas celui qui effleure ses lèvres, non, celui où les fluides embrasent les langues. J’ai dû attendre très longtemps un premier bustier, car mes seins sont demeurés au stade de l’enfance. Comme j’ai envié mes amies qui avaient gagné à la loterie de la vie une poitrine bien développée. Mais bon, rien ne sert de s’apitoyer. J’ai eu mes règles à l’âge de treize ans. Tout ce qu’il y a de plus normal. Quant au baiser, laissez-moi vous raconter. J’ai toujours été de nature très croyante. Le mystique, la prière, penser qu’un être plus grand que soi est l’artisan de la vie. Comme je fréquentais régulièrement l’église et que c’était l’époque du renouveau liturgique, le curé avait décidé de faire des messes à gogo . Il savait que je jouais de la guitare. Il m’a donc invitée à joindre le groupe de musiciens. Parmi eux, il y avait un acco...

Les butineuses

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Comment trouver le titre d’un livre ?  Au départ, ce sont des histoires d’amour qui m’habitaient. Je les voulais légères. Souvent avant de rencontrer l’âme sœur, une expression populaire dit que nous butinons. J’ai constaté que mes voyages se sont invités bien malgré moi dans cette création. L’inspiration est venue des Belles dames, ces papillons qui peuvent parcourir jusqu’à cinq mille kilomètres pour dénicher le nectar de leur choix. Michel Audet dans son livre Écrire de la fiction dit qu’il faut se laisser habiter par son sujet avant de l’écrire et un sujet qui ne fascine pas son auteur ne mérite pas d’être traité. Ce livre m’a habité pendant au moins trois ans. J’ai effectué de nombreuses recherches tant sur les odeurs que sur les fleurs, les parfums et les maladies associées à l’odorat. Un merveilleux prétexte Depuis que je suis toute petite, les odeurs me fascinent, elles ont le pouvoir de nous faire voyager dans le temps. Quel merveilleux prétexte pour raconter ! Ell...

Joue-moi un air

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  Dimanche 14 avril 1985, jour de Pâques, nous sommes au salon, le soleil d’avril réchauffe l’appartement. Ce sera notre dernière réunion, mais nous l’ignorons. Elle m’intime d’aller chercher l’instrument. J’hésite, car les ordres, j’en ai marre. Toute notre vie, ma sœur et moi avons été soumises à ses impératifs, à ses fantaisies du moment et surtout… à ses maladies imaginaires. Cette fois, elle est réellement malade, son cœur défaille, mais je n’ai plus de sollicitude, trop usée par ses fausses déclarations. Quelques mois auparavant, j’avais mis au monde son premier petit fils. Elle m’avait offert de venir m’aider pour les relevailles. Étrangement, lorsque je m’étais retrouvée à cette croisée de ma vie : soit avorter ou poursuivre ma grossesse,   elle m’avait assuré qu’elle serait là, peu importe ma décision. Pour la première fois, je m’étais sentie comprise par elle et non en compétition. Je venais de franchir le fil de la maternité, ce fil qui maintenant nous unirait. ...

L'intérêt SUPÉRIEUR du Québec, mon ....

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Récemment, j’ai sursauté en entendant le commentaire de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maité Blanchette Vézina. Elle estimait que le rejet de la demande d’injonction concernant Stablex était de l’intérêt supérieur du Québec. Permettez-moi d’être vulgaire : mon cul. L’intérêt supérieur du Québec , c’est 100 $ millions de dollars pour que l’entreprise Stablex n’ait pas à déplacer des montagnes d’argile. Le chat est sorti du sac lors de la commission parlementaire qui a étudié le projet de loi 93. L’intérêt supérieur du Québec , c’est le risque, j’insiste sur le mot risque, de rupture de servic e qui laisserait des centaines d’entreprises québécoises en plan. Toutefois, un plan a été proposé et décliné pour des raisons un peu nébuleuses. Stablex est déjà près des résidences québécoises. J’en suis. Pour 100 millions, ce gouvernement est prêt à sacrifier une tourbière. Combien vaut la protection de l’environnement pour monsieur Legault et monsieur ...

Le GRAND, mère-grand et l'enfant

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  Finaliste à la 13e édition du Prix d'excellence en français Gaston-Miron- mars 2025

PAPA N'EST PLUS LÀ: Extrait Petit pot de biscuits 1

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  Lundi le 20 mars 2000 J’arrive à ta chambre, je t’aperçois la barbe longue, tu m’attendais. Sur ta table de chevet, un jus de pomme repose à mon intention. J’en suis touchée et tente de n’en laisser rien paraître. Tu veux que je mette de la crème sur ton corps. Tu m’obliges à regarder ta déchéance. Il est tout maigrelet, ta peau est   fripée. Je te propose de me réchauffer les mains avant. Je commence par les jambes, les pieds. Ils ont désenflé. Nous avons les mêmes pieds. Je poursuis, les jambes, les cuisses, plus osseuses que charnels. Je trouve injuste que le crépuscule de la vie atteigne ta dignité. La pudeur, tu n’en as rien à foutre, tout ce que tu veux c’est encore un peu plus de crème. Je poursuis ton hydratation, tes bras pleins de perfusions. Des bras bleutés qui ont travaillé fort, des bras décharnés. Tu veux m’aider. Je te dis de les laisser reposer,  je vais m'en occuper. J’y vais précautionneusement, de peur d’accrocher les tubulures. Je prends tes mai...

Adèle, Johanna, Simonne et... moi

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  E st-ce que mes grands-mères connaissaient l’existence de la Journée internationale des droits des femmes ? Je ne crois pas . Chacune d'elles dans son rang de campagne, aux prises avec une nombreuse marmaille n’était pas libre de son temps et… de son corps. Elles ont eu l’utérus fort occupé, car il n’y avait pas de répit pour le devoir conjugal. L’une fut orpheline de mère à l’âge de 17 ans. Elle aurait choisi son mari parce qu’il avait une belle monture (pas de pensées grivoises svp) et de belles bottes. Autres temps, autres mœurs. L’autre a attendu longuement un prétendant jusqu’à l’âge de 29 ans. Finalement, son prince charmant de huit ans son cadet s’est avéré un tyran. J’aurais aimé mieux les connaître. L’une s’est envolée à 42 ans, l’autre à 69 ans. Ma grand-mère paternelle, Adèle, venait d’un milieu plus éduqué. Elle jouait de l’accordéon, écrivait des poèmes. Dans un carnet retrouvé, j’ai découvert les poèmes d’amour qu’elle avait écrit à mon grand-père. J’ai été bo...