Adèle, Johanna, Simonne et... moi

 Est-ce que mes grands-mères connaissaient l’existence de la Journée internationale des droits des femmes ? Je ne crois pas. Chacune d'elles dans son rang de campagne, aux prises avec une nombreuse marmaille n’était pas libre de son temps et… de son corps. Elles ont eu l’utérus fort occupé, car il n’y avait pas de répit pour le devoir conjugal.

L’une fut orpheline de mère à l’âge de 17 ans. Elle aurait choisi son mari parce qu’il avait une belle monture (pas de pensées grivoises svp) et de belles bottes. Autres temps, autres mœurs. L’autre a attendu longuement un prétendant jusqu’à l’âge de 29 ans. Finalement, son prince charmant de huit ans son cadet s’est avéré un tyran.

J’aurais aimé mieux les connaître. L’une s’est envolée à 42 ans, l’autre à 69 ans. Ma grand-mère paternelle, Adèle, venait d’un milieu plus éduqué. Elle jouait de l’accordéon, écrivait des poèmes. Dans un carnet retrouvé, j’ai découvert les poèmes d’amour qu’elle avait écrit à mon grand-père. J’ai été bouleversée par sa ferveur.

Ma grand-mère maternelle, Johanna, n’avait pas beaucoup d’affection pour moi. Ce n’était pas personnel. Après avoir élevé ses sœurs au décès de sa mère, avoir donné naissance à seize enfants, moi la dixième de ses petits-enfants, elle n’en avait que faire. Elle a vécu la Crise, la Deuxième Guerre, perdu son père, un de ses fils et son mari au cours de la même année. La vie ne l’a pas beaucoup épargné.

Mes aïeules seraient-elles plus heureuses dans notre monde actuel ? Que feraient-elles de toutes ces avancées technologiques qui ont amélioré nos modes de vie ? Enfin libérées des diktats de la maternité, elles pourraient être femme et non seulement mère grâce à la contraception, à l’avortement. J’ai une pensée récurrente quand j’observe ce qui se passe dans le monde actuel, particulièrement chez notre voisin du sud. Le livre de Margaret Atwood Les servantes écarlates me rappelle que ce qui semblait une utopie se rapproche de plus en plus de la réalité.

Je terminerai en citant Simonne de Beauvoir : « Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilant ».

Soyons vigilantes mes soeurs !

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