Joues-tu toujours du Gershwin ?


Un soir de septembre rue Messier, il sonne à ma porte, une pomme à la main. Il vient vérifier s'il a du courrier. Je découvre qu'il est l'ancien locataire et comédien de profession. Ensemble, nous partageons la passion des livres, de la peinture, de l'écriture, des spectacles de musique, de la vie nocturne et de la bouffe. Sa maison est un capharnaüm. Nous sommes vraiment dans l'antre de l'artiste. Cela me plaît beaucoup. Il vient également chez moi m'écouter jouer du piano. Nos univers se rencontrent dans ce que nous avons de meilleur.

Je déménage, je débute une nouvelle relation amoureuse et nos routes se séparent. Toutefois, un oiseau acheté au salon des métiers d'arts trône dans ma bibliothèque me rappelant à son bon souvenir. Cet été, un film dont l'actrice principale porte le même nom de famille que le sien m'incite à reprendre contact. Facebook devient complice de ma démarche. Au restaurant nous reprenons le fil de nos vies. Soudain il me demande: "Joues-tu encore du Gershwin ?". Je suis coite, je cherche à quand remonte la dernière fois où j'ai joué Summertime ou Rhapsodie in Blue. Le blanc total. Je lui réponds que j'ai peu de temps pour jouer du piano, mes fonctions de direction m'accaparent beaucoup. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que j'étais devenue spectatrice de ma vie.

Au retour de notre souper, j'ai visité mes cahiers de musique, particulièrement Gershwin et j'ai décidé de reprendre la pratique du piano, de redevenir actrice de ma propre vie. Il faut parfois de vieilles amitiés pour nous rappeler qui nous sommes. Merci cher ami !

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