Retrouvailles à la française

Il est là avec sa veste de cuir brune, un peu amaigri, m'accueillant à l'aérogare. Je l'étreins, heureuse de retrouver mon beau-frère. Nous roulons vers Paris. Toujours le même émerveillement à la vue des bâtiments et cette floraison à faire pâlir d'envie mes compatriotes. Le temps de dormir un peu, je crèche chez lui avant de reprendre le train pour rejoindre mes amis niortais.
 
Ma demoiselle de Rochefort m'attend à la gare. Je suis tout au plaisir d'être avec ma complice. Un petit Jurançon, des pâtes, une petite jasette et je gagne le lit. Le lendemain, un déjeuner avec des femmes qui le temps d'une semaine m'ont raconté leurs vies. Nous reprenons le fil de celles-ci. Certaines ne l'ont pas facile et cela me chagrine. 
 
Départ pour un séjour à l'ile d'Oléron... avec la famille. C'est le seul pont de l'année, donc un moment de retrouvailles. Le frère, le fils et son aimée, les neveux,  la Canadienne tous ensemble. J'irais même jusqu'à dire tous pour un, un pour tous suite à notre épopée à la plage Gasteau. 
 
L'endroit est magnifique, sablonneux, parsemé d'aiguilles de pin. Des épaves de bois jalonnent notre route. Pour accéder à la plage sauvage, nous devons traverser à gué. Pas de souci comme dirait nos cousins, je retire ma jupe, Claire fait de même et l'eau nous arrive à mi-cuisse. C'est le retour qui fut plus audacieux. Un bon samaritain nous avait indiqué que la marée descendait à 16 h30. Observant celle-ci, nous avons constaté que c'était plutôt l'inverse. Cette fois, l'eau atteignait la hauteur du nombril. Imaginez Ogunkuit en plein mois de juillet, telle était la température de l'eau.  Nous avons traversé jusqu'à la rive, moi avec des allures de porteuse d'eau, mon sac sur la tête. Sur la plage des gens se bidonnaient en nous observant. Elle n'est pas belle la vie ? Mais si.
 
Retour vers Paris en direction de Fréjus. 10 heures de route à voir défiler la France. Un hôtel dans le vieux centre-ville, une petite église où je me suis recueillie pour honorer la mémoire de ma belle-mère, une place publique avec un énorme platane, une fontaine et un café où nous avons observé la vie. Au lendemain, une visite au promoteur immobilier, un dîner à Sainte-Maxime en bordure du port. Nous faisons une halte à une fabrique artisanale d'huile d'olive. La dame qui me dit de retirer ma gomme pour mieux déguster. Je me sens comme une écolière prise en faute. Quand je lui dis en goûtant son huile à base de pitchounettes que je n'aime pas, elle me dit que seuls les connaisseurs apprécient. Et vlan dans les dents. En soirée, je retrouve mes amis marseillais pour mon plus grand bonheur. Il n'y a que la chaleur du sud pour réchauffer les cœurs simplement en glissant son bras sous celui de son amie et de raconter la vie.
 
10 heures de route sous la pluie pour revenir à Paris. Mon beau-frère me cause de ses projets, de ses préoccupations. Je dis mon beau-frère, en fait, c'est un peu mon grand frère. Comme à l'habitude, notre dernière soirée a lieu au restaurant le Parc aux Cerfs. Cette fois, la gérante, une vraie tête à claques, s'impatiente sur le choix de la table, du vin. Je choisis un croustillant de filet mignon au porc. J'imagine la viande moelleuse, juteuse. Or il n'en est rien. J'ai beau demander un couteau plus tranchant, c'est de la semelle de botte. J'ose retourner mon plat. La tête à claques arrive, jette le menu sur notre table m'intimant de choisir un autre plat et de me signifier au passage que tout le monde apprécie ce plat. La morale... il ne faut pas critiquer la gastronomie française. Heureusement qu'en après-midi au bistro les Deux Magots, le service était affable. L'addition un peu moins.
 
J'aime Paris la nuit, surtout dans le 14e où les enseignes du Dôme, de la Rotonde, du Sélect nous ramène en des temps anciens. J'ai aimé ces retrouvailles à la française où l'amitié, la famille étaient du voyage, car au bout du compte, c'est cela l'essence de la vie.

Commentaires

  1. En te lisant j'ai eu l'impression d'être sur la plage . Tu as du talent. Amitiés

    JLC

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