Visite de paroisse

Elle me dit: " Viens à Pâques, mes parents seront là". J'ai toujours grand bonheur à les retrouver entourés de leur progéniture. Ma cousine,la biscuitière comme mes amis l'appellent,  a fait les choses en grand: course aux cocos pour les enfants, un brunch accompagné de bons vins et une table à desserts pour les gourmands. Des albums photo traînent sur la table. Curieuse, je me mets à tourner les pages. Je tombe sur une photo de famille, celle de ma grand-mère paternelle. Je la reconnais à son regard.
 
L'après-midi avance doucement, nous sommes au salon. Mes cousines et mon cousin ont offert à leur père la biographie de Mad Dog Vachon.  Chacun y va de sa version de la rencontre de mon oncle avec ce dernier. Étonnamment, personne n'a la même. Il n'y a rien de vraiment surprenant, car mes oncles et mon père ont des talents de raconteur et ils se plaisent à mener les gens. Au tour de mon oncle de donner sa version. Il décline et nous invite pour la suite à Noël 2015. Le temps passe, vient le temps des au revoir. Mon oncle m'étreint. Dans cet instant, il y a l'affection qu'il me porte, le dernier au revoir peut-être et sa voix qui me rappelle mon paternel.

De passage à Québec, je vais saluer l'autre frère de mon père, grand, amaigri et toujours aussi espiègle. Nous partageons un repas que ma tante, une femme affirmée avec des qualités de cœur, a concocté. J'ai eu droit à du chevreuil que  mon oncle avait chassé. Vraiment délicieux. Ce que j'apprécie avec l'âge c'est que l'on peut dire à cœur ouvert.  Un beau moment avec un couple qui partage les hauts et les bas de la vie après 60 ans. Mon oncle regarde sa femme avec admiration, une lumière dans les yeux. Elle, elle prend soin de lui, car pour cela elle a grand talent  ayant fait carrière dans le domaine de la santé. Le temps de se quitter arrive. Les deux m'étreignent avec émotion. Je songe à la vieillesse, à ceux qui restent. Cet oncle c'est aussi la voix de mon père. Une voix éraillée qui réchauffe mon âme.

Ma tournée s'est poursuivie. Le hasard a fait que mon cousin a retrouvé le mari de notre tante décédée à l'âge de 34 ans. À cette époque, j'avais 5 ans. Je lui étais très attachée. Je me souvenais d'être allée la visiter au Reine Élizabeth lors de son voyage de noces. J'ai toujours pensé à son mari devenu veuf. Quand mon cousin a parlé de lui, j'ai eu envie de le rencontrer. Cet homme âgé de 78 ans m'a entretenue de celle qui fut son premier amour, album de photos à l'appui. J'y ai découvert leur romance, c'était très touchant, particulièrement ce livre de poèmes qu'il lui avait offert et qui traversait le passage du temps. Ma tante aimait lire, avait beaucoup d'humour, travaillant 7 jours sur 7, plus de 12 heures par jour. Je me suis reconnue. J'ai surtout souri en voyant la photo du cours de personnalité où elle apparaît, lequel était à l'époque un cours de communication. Une voie que j'ai  plus qu'emprunté.

Ceux qui ont la cinquantaine avancé se souviendront de la visite de paroisse du curé, moment important où tout devait briller dans la maison et ses occupants. À cette occasion, il bénissait les membres de la famille. C'est un peu le sentiment que j'ai ressenti. En lieu de curé, ce sont mes oncles qui m'ont bénie pendant ma visite. 

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