La reconnaissance

Récemment, j'assistais à une rencontre où il était question des marques de reconnaissance à l'intention des employés. L'animateur, très féru d'éthique, nous entretenait de ce qu'était la reconnaissance, la distinguant de la récompense. Il disait que c'était une forme sociale du souvenir, une tradition en faisant passer à un autre un ensemble de manière de faire. Un héritage quoi! Ces propos ont résonné vendredi dernier où j'ai annoncé au personnel que je quittais mes fonctions et désigné mon remplaçant.

Pendant que notre Mesmer éthicien discourait (il avait la même voix), je m'interrogeais sur ma façon de reconnaître mon personnel.  Pour moi la reconnaissance, c'est ce qui donne un sens à la personne à qui on l'adresse. C'est une forme d'attention non pas parce qu'il le faut, mais parce qu'elle vient du cœur. Je me suis souvenue des lilas, du muguet, de la menthe, des tomates que je déposais dans les cuisines du personnel. La mise en place d'un club de lecture, des dîners de fin d'année où je prêtais livres et CD pour agrémenter les vacances. Ce qui était davantage apprécié, c'était l'heure d'évasion à déterminer à leur convenance.
 

Vous savez ma maxime étant Petit pot de biscuits devient rapidement vide s'il donne sans jamais recevoir, je peux dire qu'au cours de la dernière semaine, j'ai beaucoup reçu. J'ai pris le temps de rencontrer mes proches collaborateurs pour leur annoncer la nouvelle de mon départ. J'ai eu droit à des témoignages émouvants ponctués de fou rire, de pleurs. Heureusement, les papiers mouchoirs n'étaient jamais très loin. J'ai été étonnée d'être un modèle pour plusieurs jeunes femmes. Plusieurs m'ont remerciée de leur avoir fait confiance, de leur avoir donné leur chance. D'autres ont souligné mes qualités de cœur, de justice, d'équité. Il fut aussi question d'un gant de fer dans une main de velours. Je l'avoue tout cela m'a fait un beau velours. C'est aussi cela, la reconnaissance.
 

Je ne vous cacherai pas qu'après toutes ces années à bâtir une équipe, que j'ai quelques préoccupations au niveau de la succession. Un climat de travail se construit dans le respect des gens, l'équité et la transparence. J'ajouterais dans le faire confiance, en regardant le potentiel des membres de l'équipe et leur donner une chance de s'épanouir. Il faut arroser les fleurs... pas les mauvaises herbes. Je m'en vais l'esprit en paix puisque lors de la passation du flambeau, les applaudissements ont été très nourris à l'endroit de mon successeur. Je sais qu'il saura prendre soin de mon jardin avec attention.