Une soirée lumineuse

J'ai 25 ans, je travaille dans un groupe d'éducation populaire à l'accueil. Chaque jour, je vois des gens démunis qui viennent chercher réconfort auprès de différents intervenants. Il y a une petite fille d'à peine 5 ans qui s'approche de moi et me demande : "Quoi tu fais?" Elle joue dans mes cheveux longs, m'interroge sur mon travail, ma vie. Elle revient régulièrement. Elle me rappelle l'enfant curieuse que j'étais. Je la prends sous mon aile, l'amène au cinéma, lui fais voir des pièces de théâtre pour enfants, lui achète des crayons Prismacolor. Ce qu'elle est devenue, je l'ignore, mais je suis persuadée que j'ai semé quelque chose en elle au niveau artistique.
 
À cette même époque, un médecin oeuvre auprès d'une clientèle défavorisée. Son champ d'intervention: la pédiatrie sociale. Une approche novatrice qui a fait beaucoup de chemin et la différence dans la vie de plusieurs enfants et leurs parents. Figure médiatique, sympathique, il est bien connu pour la traditionnelle guignolée annuelle. Sa conjointe se dédie à la cause des enfants. Le dernier-né, le projet le Garage à musique, qui consiste à démocratiser l'apprentissage d'un instrument.
 
Bien qu'issue d'une famille ouvrière, j'ai eu la chance d'apprendre le piano grâce à mon père qui a travaillé en heures supplémentaires pour nous payer, à ma sœur et moi, des cours. La musique a changé ma vie, en fait elle est ma fidèle compagne. Le 10 juin dernier avait lieu le second concert Les grands classiques de la Fondation du Dr Julien. Une soirée lumineuse animée avec brio par Christian Bégin.

Grâcieuseté de Martin Alarie, photographe
L'auditoire présent était là pour célébrer l'accomplissement musical de ces enfants qui font l'apprentissage d'un instrument. Moi, j'ai tout de suite était subjuguée par cette petite fille, aux allures sages, attentive aux directives du chef d'orchestre. J'ai également été touchée par le regard d'une mère observant son fils jouer de la trompette. Un regard d'espoir, de bonheur et de grande fierté. C'était cela qui était à l'honneur lors de concert: la fierté.

Cette soirée m'a aussi réservé une autre belle surprise. Disposant de quelque temps avant le concert, je m'arrête à un bistro en face du Théâtre Denise Pelletier. Je choisis une table, m'y installe prête à écrire, quand à la table voisine une nouvelle personne souhaite s'y ajouter. Je propose la mienne en échange et je finis par être invitée par le groupe. J'accepte volontiers. Il y a une belle énergie. Les cœurs parlent.

Je suis en présence de docteurs. Doctorat en psychologie, en mathématiques, en économie sociale. L'une des docteurs me parle de sa maison d'édition. Le hasard fait bien les choses que je me dis. J'apprends qu'elle est atteinte de la maladie de Lou Gehrig. Je sens un bel appétit de vivre. Les rires fusent. Ici et maintenant, un moment que je n'oublierai jamais. Un moment de grâce. Je fais le souhait de sa présence à mon lancement de livre  Petit pot de biscuits 3 en février 2016 dont l'organisme bénéficiaire est la Fondation du Dr Julien pour le Garage à musique. 
 

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