L'amour est bleu

Été 1969, l'homme va marcher sur la lune pour la première fois. Moi, je vais ouvrir le clavier du piano familial pour me rebeller. Après des années d'errance musicale, j'ai annoncé à ma mère à la fin de l'année scolaire que je ne souhaitais plus apprendre le piano. "Ah, c'est comme ça qu'elle me dit, alors je ne veux plus entendre une seule pièce de musique classique".  

Bel essai pour me museler, me culpabiliser. Cela m'a menée à explorer la musique populaire... puisque celle-là ne m'était pas interdite et à développer mon oreille musicale. Pas question que je lui arrache un sou pour acheter des partitions. J'ai puisé l'argent à même mes économies. C'est ainsi que cet été-là,  j'ai découvert L'amour est bleu, Inch'AllahBonnie & Clyde, etc. Pour ma mère et ses rêves de grandeurs, sa fille était tombée bien bas. À cette époque, la musique populaire portait bien son nom et était moins bien vue dans les salons.  

Pourtant cette musique rejoint davantage de gens que toutes ces belles pièces de musique classique. Assistez à un concert de musique où l'auditoire est novice, vous entendrez des applaudissements après chaque mouvement. Si par malheur, vous êtes à la salle symphonique, vous risquez de vous faire regarder de travers ou d'entendre des soupirs d'exaspération. Je salue l'audace de Maestro Nagano d'avoir œuvré à rendre la musique classique accessible en innovant dans les genres musicaux. 

Après toutes ces années, mon statut musical est encore nébuleux. Je joue des pièces classiques, ma technique est à parfaire, mais je choisis de ne pas bouder mon plaisir. Mes diplômes musicaux se sont évaporés dans la nature, donc je suis une musicienne non reconnue professionnellement.  J'ai l'habitude de ne pas " fitter " dans les petites cases.  

Cet été, l'homme ne marchera pas sur la lune. Vous me trouverez peut-être assis à un piano public dans votre localité à interpréter des airs de la chanson française, québécoise, de la musique de film, de jazz ou encore dans ma cour, en concert privé sur invitation. Qu'elle soit populaire ou classique, la musique donne des ailes.

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