Le doux vent d'été

Les classes sont terminées. Les vacanciers prennent la route du chalet, la marmaille à bord. Exit les pauses tranquilité pour les mères au foyer. La circulation est moins dense. Un autre rythme s'installe. Les premiers matins sont consacrés à la grasse matinée, aux petits déjeuners gourmands, au pyjama qui font la grève. Pas de cadran, que les oiseaux qui piaillent, le vent qui souffle dans les arbres. Déjà, les premières pommes s'épanouissent. Les pivoines en sont à leur dernier souffle. C'est maintenant au tour des hémérocalles de voir le jour. Le bruit des tondeuses montent, leur rumeur contamine les terrains avoisinants sans oublier le merveilleux son du taille bordure. Une symphonie un peu cacophonique. Mais, c'est le doux vent d'été.

La Saint-Jean donne le coup d'envoi à cette période si particulière et festive. Certaines cuvées sont meilleures que d'autres, selon les caprices de dame nature. En vieillissant, le goût de la fête est moins pressant. La fête sur la montagne restera la fête de tous les espoirs, de ce pays à naître. Des milliers de poitrines à célébrer avec Jean-Pierre, Yvon, Ginette, Claude et Gilles. Il me reste un pays à connaître, il me reste un pays à bâtir chantait Vigneault ce soir là. Ce soir là j'y étais. Les mots sont superflus pour dire ce qui s'y est vécu. Le doux vent d'été...

Une autre fête suivra. Les premiers juillet ont longtemps été un temps de rassemblement de la famille de mon parternel. La petite fille de la ville découvrait la vie à la campagne. Pas d'eau chaude, pas de toilettes, le lait chaud de la vache, les punaises qui ont festoyé sur ma jeune chair. Par contre il y avait, les petites fraises des champs arrosées de sucre d'érable et de crème fraîche, les cochons à nourrir, les vaches à traire, les champs de fleurs sauvages, les chevaux. Ce que j'aimais surtout, c'était écouter les histoires des grands. Pour dire, j'en ai eu pour mon argent.

Année après année, de l'enfance à l'âge adulte, l'été a pris de nombreux visages. Une soirée sous les ormes à Ormstown chez un beau-frère gai, artiste peintre avec des chandelles à écouter des airs d'opéra. Une fête en plein air improvisée aux Iles de la Madeleine sous un ciel étoilé où le chant et la musique nous a tous réuni. Une nuit de pleine lune à Cap Bon Désir au chant des baleines. Un feu de camp avec mes enfants à l'auberge Matawanie à faire griller des guimauves. Des bains de soleil nudiste au Lac du Coeur et... tant d'autres moments chers à mon coeur.

L'été sans la mer, ne serait pas l'été. Quelques relents de moments heureux de mon enfance à Hampton Beach. Depuis, j'y retourne soit dans le Maine, en Gaspésie, en Méditérannée ou aux bords du fleuve St-Laurent. Je m'apprête à me la couler douce d'ici quelques semaines, à écrire, à lire, à dessiner et à simplement être. J'aurai le plaisir de taquiner le poisson pour la première fois de ma vie et de loger plusieurs jours en bordure de mer. Le doux vent d'été.

Les vacances terminées, l'été sera encore là. Le temps des épluchettes, de la fête de ma ville, des fêtes gourmandes et... l'automne venu, je dirai: On a eu un bien bel été.

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