Les caprices

Samedi soir, je festoie avec quelques personnes à l'occasion des 40 ans de ma cousine. La réception a lieu dans un club de golf privé de ma ville. Je suis vêtue pour l'occasion. Une robe estivale importée d'Europe, des chaussures italiennes et un veston surpiqué de broderie qui me vaut plein de compliments dès que je le porte. Son seul défaut, il est en jeans.

L'organisatrice de la soirée vient me voir manifestement gênée par le message qu'on lui demande de me transmettre. Déjà, je trouve odieux qu'elle soit utilisée pour être la porteuse du message. Un membre de ce club privé sélect n'aurait pas apprécié mon veston et s'en serait plaint au personnel qui à son tour s'en serait plaint à cette pauvre messagère.

J'ai toujours eu du mal avec les gens qui adressent leurs messages par personne interposée. Pas assez de culot pour assumer leur propos. Entre nous, le discernement est toujours de mise. Je comprends qu'un club privé qui se respecte refuse les jeans. Cependant, ma tenue était chic et de bon goût. C'est la fête, pas vraiment le temps de l'esclandre. Mais non, je n'ai pas apprécié et oui, je comprends qu'il y a des règles à respecter. Entre nous on s'en tape, quand le client, en l'occurence nous, paie pour la location de salle et le repas pour une fête privée bien...


C'est comme cette Suisse à l'Ile de Ré qui un soir a fait suer le maître d'hôtel parce que le menu ne rencontrait pas son intérêt, à l'exception du foie gras aux asperges. Qui n'aimerait pas cela ? Elle n'aimait pas les agrumes, non plus. "Est-ce que Pierre est là ?" dit-elle au maître d'hôtel sur un ton suffisant. Mais non, ce n'est pas le jour de travail de Pierre et ma vieille tu vas devoir te contenter du succulent menu de ce Relais Château. Mais, il y a toujours un bon Dieu pour ces gens capricieux. Elle a eu droit à un menu sur mesure avec petit beurre blanc qu'elle avalait à la petite cuillère.

Au retour de la soirée, je me suis souvenue de mon père qui avait été faire une scène à la religieuse du collège privé où je devais aller. Il était arrivé vêtu de son costume de travail et avait osé dire à celle-ci que les coûts exigés pour le costume étaient tout sauf raisonnables. Nul besoin de vous dire que suite à sa visite, je n'ai pas fréquenté ce collège. Mais, j'ai compris des années plus tard que cela s'appelait de la fierté.

Heureusement, que je suis plus âgée, car il y a quelques années je ne me serais nullement gênée pour exprimer vertement ma pensée à l'endroit du geste posé. Bien pas encore tout à fait sage, puisque je vous en cause.

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