Ce qu'il reste de nous

J'arrive, l'église est bondée de gens. Une odeur de bois chatouille mes narines. Je reconnais quelques visages, les salue au passage. Elle est là au milieu de l'allée, endeuillée. Elle vient vers moi, je la prends dans mes bras et tente de lui apporter quelque réconfort. Pas un mot, rien qu'une étreinte. Nous serons plusieurs à poser ce geste si important pour ceux et celles qui viennent de perdre un être cher.

Je suis là par procuration car je ne connais pas l'homme. Je découvre avec émotion par les témoignages de son ami, de sa belle-soeur, de sa belle-fille et de son fils, l'homme aimant qu'il fut.  Nous sommes plusieurs à avoir les yeux humides, les coups de mouchoir se font entendre. Cela me rend encore plus triste pour la belle Catherine qui a partagé plus de 25 ans avec lui, dont quatre à cotoyer la maladie, à l'apprivoiser. Un homme avec un bel appétit de vivre. Un homme bon comme dit le prêtre dans son homélie car un homme qui aime la nature ne peut qu'être bon.

Assise sur ce banc d'église, les paroles de la cérémonie liturgique rejaillissent comme si c'était hier. J'en suis étonnée. La mémoire quoique l'on puisse en dire, surtout celle collective, est bien présente. Certes, nous ne nous agenouillons plus pour la communion, mais le rituel est toujours le même. Vint le moment de se souhaiter la paix. Un moment que j'ai toujours détesté. Pourtant je me suis surprise à le faire, en toute humilité. Et la grande question ? Allais-je communier ? Cesse de tergiverser me dis-je, accepte de recevoir. T'es bien fine avec tes belles paroles de donner pour recevoir mais mets donc en application tes beaux préceptes. C'est ce que je fis.

Une fois la communion terminée, les derniers rituels firent leur apparition. L'encens pour permettre l'élévation de l'âme et l'eau bénite. Puis, nous fûmes invités à nous asseoir.  Un air s'éleva dans l'église. Albinoni me soufflait ma mémoire. Les violons, le crescendo, l'élévation divine, une musique qui touche l'âme. Était-ce un choix du défunt ? Je ne saurais dire. Pendant ces quelques minutes, j'ai écouté la vie. Je me suis questionnée quant à mes propres funérailles et mes choix musicaux. Je crois que l'adagio de Samuel Barber signera présent. Penser à ma propre finalité ne m'effraie plus.

Nous célébrons désormais la mort dans un esprit festif. Nous rendons hommage au cher disparu. Les cercueils ont cédé la place aux urnes pour certains. Le rituel de la mort c'est aussi celui de la vie. Les gens se retrouvent pour évoquer des souvenirs, rire, pleurer, s'étreindre et se dire que la mort, c'est aussi la vie. Ce qu'il reste de nous... l'amour que l'on a donné.

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