Danser la vie
Je suis assise dans le salon de Carole Cocciadis, elle exécute quelques pas de danse avec en trame sonore le Lac des cygnes. J'admire sa grâce et... je l'envie. Malgré mes appels répétés à mes parents pour suivre des cours de danse, mes demandes accueillent une fin de non-recevoir. Renoncer moi? Jamais. Quand j'ai une idée en tête, je l'ai aussi dans les pieds. Croyez-moi, ces pieds vont danser. Quand? Telle est la question.
Vous savez quoi, en lisant Anne-Marie Lecomte dans le dernier numéro de Châtelaine où elle fait un hymne à la vie en parlant de la danse, je me suis dit qu'il était temps de m'inscrire à un cours de flamenco. Trop vieille? Chut ! Il n'y a pas d'âge pour apprendre, mais fais quand même attention à tes articulations ma vieille.
Comme plusieurs à l'adolescence, j'ai fréquenté certaines salles de danse allant du sous-sol de l'église à la Balanthèque rue Laurier. Puis, j'ai rencontré celui qui fut mon premier mari au Doyen de l'Université de Montréal. Ensemble, nous nous sommes trémoussés aux quatre coins de la ville de chez Maxim's, en passant par l'Idéfixe et le Limelight. À la mi-vingtaine devenue célibataire, la danse a été une planche de salut. De nombreuses soirées ont passé à brûler des calories au Café Campus, à l'Imaginaire, au Taxi, au Passeport, au Braque et au Belmont. Elles se terminaient très souvent au bistro le Funambule qui accueillait les oiseaux de nuit.
À cette même période, j'ai eu mes premiers chaussons et...le rêve de mes 7 ans a pris forme. J'ai suivi des cours de danse moderne. Bon, il y a en pas eu de facile, car me mouvoir dans l'espace me demande une grande concentration. J'apprends par mimétisme. Durant sept ans, monsieur Limon et moi avions rendez-vous. Puis, l'exil à la banlieue m'a menée vers une danse plus aérobique. M'épivarder sur une piste de danse est devenu occasionnel. Chaque fois, le même plaisir à bouger, à ressentir la musique.
Cette année, les occasions de danser se sont faites plus nombreuses: en France cet automne au Serre-moi fort avec mes copines de Niort, complètement déjanté, à Noël avec mon personnel et au Jour de l'An avec des amis en Estrie. J'ai bien failli apprendre le tango. J'ai effleuré la danse africaine. J'ai esquissé le temps d'une saison quelques pas de claquettes. Il y a deux semaines alors que je revenais du salon funéraire, mes employés avaient organisé une soirée sous des rythmes cubains. Ce soir-là particulièrement, j'ai dansé la vie pour mon cousin décédé, pour ceux que la vie a malmenés.
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