Salut la matante

J'évite une averse soudaine pour me rendre à la galerie. Tout près de cette adresse, jadis une collègue de travail y résidait. Je connais aussi très bien le quartier pour l'avoir fréquenté à un moment où il était moins branché. Je reconnais cet air de famille. Une belle tignasse brune, bouclée qui tourne son regard en ma direction, un point d'interrogation au front.
 
Je lui explique le but de ma visite. Justement, elle allait m'appeler dit-elle. Je suis venue sous les recommandations de sa tante, ma grande copine, qui m'a laissé un message FB suggérant que mon statut d'auteure caritative pourrait intéressée la nièce. À voir son air, il n'en est rien. Je lui fais l'effet d'une matante.
 
Avant de lui rendre visite, je suis allée voir son site internet afin d'évaluer s'il pouvait y avoir un partenariat possible.  Une galerie d'art contemporain qui a pour but de promouvoir les artistes professionnels en créant un espace propice aux échanges. Voilà ce qui rencontre mes valeurs! Pour l'occasion, j'ai préparé un dossier de presse ainsi qu'un exemplaire de chacun de mes livres. Déposés sur sa table de travail, elle ne daigne pas y toucher. Dans mon temps... nous aurions pris le dossier, feuilleté les livres et dire que nous y réfléchirions, même si nous pensions que cela ne rencontrait pas notre intérêt. On ne sait jamais!  Elle ajoute pour clore le dossier et me dissuader d'un partenariat éventuel qu'il me faudrait payer. Mauvais argumentaire.
 
La rencontre avançant vers un terrain de plus en plus glissant, je fais diversion en la questionnant sur la galerie, la félicitant pour le site Internet. J'acquiesce sur les réalités de coupure des bailleurs de fonds, une situation que j'ai connue à son âge. Je conclue en lui disant de ne pas se sentir mal à l'aise que finalement j'étais venue parce que sa tante avait initié l'idée. En ce qui me concerne, son projet n'était pas à mon agenda il y a une semaine, donc l'absence de partenariat  ne changera rien à ma vie.
 
J'ai quitté la galerie. Chemin faisant, je me suis remémoré mes débuts à titre de consultante, à tous ces non que j'ai essuyés et qu'il fallait encaisser. Il en faut du courage pour faire du démarchage, vendre son projet, son produit. Je crois en mon produit, toutefois, j'ai maintenant la sagesse de ne pas insister quand la communication se joue sur deux voies parallèles. Question de génération ? Sans doute.

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