Mes petites fées

Elle sautille à mon arrivée, exprimant sa faim non comblée. Je m'assieds à ses côtés, le temps qu'elle puisse se sustenter. Elle me dit: " Puis comment a été la première nuit de Yéti?" Étonnée qu'elle se souvienne du nom de mon nouveau compagnon canin, je lui fais état de sa vie parmi nous.

Nous allons dans sa chambre pour la leçon de musique. Ma belle sauterelle me confie un secret. Dans la journée, il y eut une dame qui l'a entretenue de la gestion des émotions. Elle m'ouvre la porte de son garde-robe et me montre le coin où elle se réfugie pour retrouver son calme. À mon tour d'être émue, le noir du garde-robe me revient en mémoire. Mon havre de paix.  Elle me livre un autre secret.
Commence la leçon: théorie musicale, lecture des notes, pratique du passage du pouce, interprétation des pièces. Elle a hâte aux exercices de diction. Elle me regarde et me demande: "Pourquoi tu as les dents brunes". Je ris. Je lui explique qu'avec l'âge l'émail des dents s'use. Je lui demande si ces grands-parents ont des dents comme les miennes. Elle me dit que son grand-père a des dents de plastique. Je souris intérieurement, me rappelant qu'au même âge, mon professeur de piano avait les dents jaunies. Je la trouvais vieille. Toutefois, jamais je n'aurais osé lui poser la question qui me brûlait les lèvres. Ma petite sauterelle a osé.

La chanson n'est pas au programme ce soir. Elle trouve que le temps passe vite. Je lui dis de ne pas s'inquiéter, nous allons prendre le temps nécessaire. Une musique pour danser et dessiner avec l'adagio du concerto numéro 1 de Brahms. Je lui apprends les trois premiers mouvements du Qi-Jong.  Elle est gracieuse, attentive aux mouvements, à la respiration. Elle rayonne. La musique s'achève, le dessin n'a plus sa place.  Je pars, elle veut son dessert. La faim a repris le chemin.

Le lendemain, c'est une autre petite fée qui m'attend. Nous préparons sa prochaine audition avec sa mère. Elle est timide. Je lui explique comment cela se déroulera. Nous répétons. Elle a une voix d'ange. Je lui demande quelle chanson elle compte interpréter. Elle n'ose pas se commettre. Finalement, La mer l'emporte. Avec ses yeux bleus qui ont des reflets d'argent, cette chanson lui va comme un gant. Après le souper, elle sort ses petites cartes d'enfant à la recherche d'un adulte pour partager un jeu. Bien entendu, le paquet voleur est le premier en tête de lice. Je lui suggère un nouveau jeu, le solitaire communément appelé la patience. Assise à mes côtés, elle apprend les règles du jeu, rejouant maintes fois, sans jamais réussir. Et moi de lui dire avec le sourire: "Tu comprends pourquoi cela s'appelle la patience".

Une personne de mon entourage me disait récemment que la vie se charge de mettre sur notre route ce dont nous avons besoin. Mes petites fées vous me faites du bien me permettant de faire la paix avec la petite fille que j'étais.

Commentaires

  1. Quelle belle histoire qui me rappelle à moi aussi les quelques cours de piano que j'ai suivis étant enfant ainsi que le jeu de patience que je fais encore.

    Denise

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  2. Je tiens à te dire que ta petite sauterelle apprécie énormément le temps que tu passes à ses côtés, à lui transmettre ton amour de la musique. Ton écoute, ta douceur, et ta grande sensibilité font de toi une confidente idéale pour notre petite.

    La maman de la petite sauterelle

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  3. Les petites fées ont besoin et aiment beaucoup leur fée marraine

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