Écoute et observe

Nous sommes à Wendake. Notre guide, un grand érudit, nous entretient quant à l'utilisation du tewegan  (tambour amérindien). Pour apprendre à faire chanter le tambour, il faut écouter et observer. Ces deux mots s'immiscent en moi. Voilà, deux activités que je pratique depuis la tendre enfance.
 
À 4 ans, mon point d'observation est le balcon dont les dimensions sont de 4 pieds sur 6 pieds. Je surveille le va-et-vient des travailleurs du laboratoire en face, guettant leurs sorties afin de causer avec eux. Des questions, j'en ai beaucoup.  À 5 ans, mon territoire s'agrandit. Cette fois, ce sont les cuisines des voisines que je fréquente, notant leur façon de cuisiner, de faire la lessive. J'écoute les conversations téléphoniques de ma mère, celles des membres de ma famille lors de rencontres.
 
Ma mère disait que je n'écoutais pas. À vrai dire, j'étais plus souvent occupée à observer. Cela s'appelle ÊTRE. À quelques jours de mes soixante ans, la petite fille qui aimait écouter et observer est de retour. Elle s'émeut du chant des oiseaux au matin, s'émerveille de voir un oiseau perché sur la plus haute branche se faire balloter au vent sans fléchir et constater que sa compagne a choisi son pommetier pour nicher.
 
Pour une fois, elle a le luxe d'observer la nature s'épanouir.  Les muguets, les lilas, les iris, les pivoines ont rendu l'âme. Les hémérocalles s'ouvrent à la vie. La menthe prolifère. Les concombres, les aubergines ont résisté à leur nouvelle demeure et s'érigent vers le ciel. Quelques bourgeons de tomates émergent. La récolte des pommes s'annonce grandiose. Elle est heureuse d'être aux premières loges de cette vie qui prend racine.
 
Elle écoute le vent, le bruissement des feuilles au petit matin ou encore sur les verts. Elle aime sentir celui-ci quand il lui caresse la peau, l'irisant par moment comme lors de cette croisière sur la rivière Saguenay où elle contemple le fjord lovée dans les bras de son aimé tout en admirant le mouvement des remous. Écouter et observer quel bonheur !
 
Au parc équestre, elle observe les chevaux, les cavaliers et cavalières. Elle s'interroge quant au lien qui se développe entre eux, songeant à son grand-père. Elle visite les paddocks. Les chevaux la fascinent tout comme elle les craint. Elle adore assister aux compétitions, voir les chevaux s'élancer pour sauter les obstacles. Il y a dans ce ballet quelque chose d'apaisant.
 
La petite fille est devenue grande. À présent, à l'aube du bel âge, cette femme est honorée que la vie lui ai fait le plus beau des cadeaux... celui de garder son cœur d'enfant.

Commentaires

  1. La vie nous apporte à chaque âge ses secrets, nous faisant découvrir la beauté des gens, des animaux, des objets. Dans la sensibilité de notre être, tout cela prend place, comme l'empreinte de l'amour, un instant de musique, une parole, un sourire, un câlin. Ainsi va le cœur heureux comme une bise matinale et rafraîchissante.

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