La première communion

Un beau vendredi , je me rends au supermarché acheter quelques produits en promotion. En attente à la caisse, j'entends une voix maugréer. Je présume qu'il s'agit d'un échange entre deux caissières et j'écoute distraitement la rumeur. Une fois ma transaction bancaire complétée, je me fais interpellée par la caissière. Elle est de fort mauvaise humeur, pour ne pas dire en pleine fureur. Elle doit accompagner sa fille toutes les deux semaines au presbytère pour la préparation à la communion. Ces rencontres se déroulent durant une année complète. A sa grande consternation, la petite ne fera pas sa première communion avec sa classe mais bien à une simple messe du dimanche, sans flafla, et de plus, elle devra débourser 65$ pour ce faire.



La caissière a tout au plus trente ans. Je m'étonne de la voir s'insurger quant au non respect de la tradition religieuse. Intérieurement, je me dis que vraiment tout change. Même l'église doit se mettre à la saveur du jour pour pouvoir durer dans ce monde de performance. C'est ainsi que disparaissent les rites. Les deuils ne se vivent plus sur trois jours mais un jour et parfois deux, si vous êtes chanceux. Le temps, l'argent. Les écoles ne font plus l'enseignement religieux, elles font dans les accommodements raisonnables.



Il n'y a pas si longtemps, mon fils cadet a fait sa première communion la veille de Pâques. En tant que parent, j'ai eu des rencontres au presbytère, où diverses activités avaient lieu. C'était un temps de ressourcement en famille. Mon fils aîné quant à lui à eu droit à des rencontres catéchètes et a fait sa première communion avec sa classe.



Quant à moi, j'ai souvenir de cette église où nous étions plus d'une centaine revêtus d'une aube blanche, les mains jointes, le capuchon de mon aube me couvrant la moitié du visage, l'autre moitié étant inondé de larmes parce qu'on nous avait dit de garder nos mains jointes. Cet événement pour les petites filles était sans conteste l'achat de la robe blanche, prélude à la robe de mariée. Toute la famille se réunissait pour cette occasion et les cadeaux de nature religieuse étaient de mise. Le summum, le missel dont les feuilles étaient si minces qu'en tournant les pages un son léger nous enveloppait. La fête se terminait par le traditionnel gâteau que nous avions l'honneur de couper en présence de nos parents. Un prélude au mariage que je vous dis.



Écoutant les propos de la caissière, je me sentais impuissante à lui rendre ce qui lui était si cher tout en étant empathique à son désarroi. Je repris le chemin de la maison, mon petit panier sous mon bras, pensive. Je songeais à tout ce qui bouleverse nos vies, de l'intensité relative ressentie par chacun en regard de ces changements et de l'importance de perpétuer les rites, les traditions. Même à 65 $, " Non, c'est pas cher" pour un souvenir qui restera à jamais imprégner dans le coeur de nos enfants et le nôtre.

Commentaires

  1. Salut Maridiane,
    C'est vraiment une bonne idée que de te remettre à l'écriture de cette façon.
    Tu es une femme très inspirante et je te reconnaît bien dans ta démarche qui demeure inébranlable dans son positivisme au fil du temps.
    Bravo!
    Noëll xx

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La racine de l'être

J'cours les concours

La petite fille qui aimait les raisins... et les concombres