L'amour avec un grand i
Elle était là devant moi, les traits un peu tirés, le
sourire aux lèvres, frêle avec sa voix douce. Nous devisions sur la vie. Je
savais qu'elle avait un fils handicapé. Médecin dans son pays, à son arrivée au
Québec, les heures de travail furent longues. Un soir qu'elle s'était assoupie,
épuisée, quelqu'un sonna à sa porte pour l'informer que son fils de cinq ans
était tombé du balcon.
Aujourd'hui, ce fils âgé de 20 ans a un âge mental de cinq
ans, souffre d'anxiété et est bipolaire. La nuit, son conjoint et elle se
relaient auprès du petit devenu grand. Leur couple a survécu à cette épreuve.
Leur recette: ils font de la soupe ensemble comme elle dit. La culpabilité,
elle a fait avec. Sa planche de salut, c'est l'enseignement. Il faut entendre
les applaudissements des élèves à son endroit lors de nos soirées de
finissants.
Je me suis rappelé une famille que j'avais observée lors
d'un récent voyage. Ils étaient arrivés pour le petit déjeuner, les
grands-parents, les parents et les enfants. Une famille normale ? Non, pas tout
à fait. L'ainé des enfants avait le crâne chauve, claudiquait et portait des
verres épais. Déficience mentale, accident cérébro-vasculaire à la naissance,
qui sait ? L'autre fils, plus en retrait, avait pris place entre son père et sa
mère. Le père, baraqué comme un policier, boucle à l'oreille, aidait le fils
handicapé à se nourrir. Son épouse, vêtue de rouge, cheveux très courts prenait
soin des grands-parents. La grand-mère corpulente se déplaçait difficilement
avec sa marchette quant au grand-père il avait cet air absent de cette maladie
des morts-vivants.
Une famille disais-je? Avaient-ils l'air malheureux de leur
sort ? Pas vraiment. Pourtant leur quotidien est souvent chargé, rempli de
contraintes, sans oublier l'attention constante à accorder aux handicapés. Et,
si tout cela était finalement un amour avec un grand i, un amour INCONDITIONNEL.
Certes, nous pourrions parler de résilience. Dans le cas de
l'enseignante immigrante, c'est le mot qu'elle m'a claironné en cascade.
Toutefois, je crois que les personnes qui prennent soin de personnes
handicapées sont douées pour l'amour. Cet amour irradie lorsque nous sommes
dans leur halo. Les jours de déprime, je
pense à eux et je retrouve mon optimisme. Elles ont toute mon admiration et mon
affection.
J'espère que tu voulais dire que c'était le dernier texte que tu venais d'écrire et non le dernier que tu écrirais. N'arrête surtout pas, tes petits contes avec tes grandes fées, je m'y suis habituée et cela me manquerait de ne plus marcher à tes côtés à travers la lecture.
RépondreSupprimerLaura
J'ai lu avec intérêt tes blogues qui démontrent tes états d'esprit vis-à-vis certaines personnes de ton entourage qui vivent des moments difficiles. Je t'encourage à les supporter dans ces temps pénibles pour elles.
RépondreSupprimerG. Beaulieu