Le petit bonheur

Des lumières dans le ciel scintillent chaque année dans mon quartier en août. Il me suffit de regarder par la fenêtre de ma chambre pour admirer les feux d'artifice. Je me sens privilégiée. Tant et si bien, qu'année après année les invités se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Parfois, dame nature n'est pas de notre bord et nous n'avons pas droit au spectacle. Hier, il s'en est fallu de peu, car la pluie signait présente depuis le début de l'après-midi.

Je me souviens de mon premier feu d'artifice, j'avais 7 ou 8 ans. Nous étions partis en famille au Parc Jeanne-Mance à l'occasion de la St-Jean-Baptiste. Ma soeur et moi avions nos pyjamas sur le dos et reposions sur la couverture moelleuse que ma grand-mère avait réalisée. Le temps nous avait paru bien long avant l'apparition dans le ciel de ces magnifiques étoiles colorées. Toutefois, le souvenir le plus présent de ce moment est la chaleur des bras de nos parents dans lesquels nous étions blotties et avec qui nous étions égaux dans nos coeurs d'enfant. C'était le grand bonheur !

D'autres St-Jean ont suivi, d'autres feux aussi. Celui auquel j'ai assisté à Paris à la Butte Montmartre alors que tous les exilés québécois s'étaient rassemblés pour célébrer notre fête nationale, est fortement imprégné dans ma mémoire comme un doux souvenir collectif où l'énergie stellaire et humanitaire, ne faisait qu'une. Un pur bonheur !

Quand les internationaux des feux d'artifice étaient à leurs balbutiements, j'ai eu la chance d'assister à plusieurs de ceux-ci grâce à un ami. Nous étions aux premières loges de ce spectacle où la musique inspirait la chorégraphie dans le ciel. Ces soirées étaient aussi fort amusantes, mes amis étant tout, sauf ennuyeux. Le rire était toujours au rendez-vous. C'était le bonheur !

Hier soir, d'autres amis partageaient ma table. Le rire s'était invité. J'ai dit que je trouvais que c'était le plus beau temps de l'année, la nature étant généreuse et que les étals de fruits et légumes étaient un vrai bonheur. La nostalgie n'étant plus ce qu'elle était, nous nous sommes rappelés notre enfance avant la venue des grands de l'alimentation.

Aux alentours de 22 heures, le ciel s'est illuminé. Mes amis ont quitté, mon chum a préféré admiré le ciel de ma chambre et moi... je me suis mêlée à la foule. Ces moments de félicité sont rarissimes. Non loin de moi, une famille arabe sans doute berbère a lançé des cris de joie lors de la finale. Tous ces gens, le regard tourné vers le ciel au même moment. Au retour, j'observais mes voisins. Tout à coup mon oreille fut titillée par un air connu. Des jeunes femmes, chantaient pour le plaisir Le petit bonheur de Félix Leclerc. Leurs voix étaient d'une justesse et je me suis dit : C'est ça le bonheur, qu'il soit grand, petit, pur ou vrai, il existe, à nous de le saisir. Quel est le vôtre ?





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