La dette

Elle retournait délicatement dans sa poche le boîtier, attendant le moment propice pour le déposer sur la table de cuisine. Auparavant, la semaine durant, elle avait admiré le contenu de celui-ci à différents endroits dans sa demeure, pour s'imprégner à tout jamais de ce souvenir lointain.

Soixante ans plus tôt, le contenu du boîtier avait fait l'objet de tractation financière. Une petite fille de huit ans avait pour désir un vélo. Un luxe pour cette époque. La mère adoptive, n'ayant que cette fille pour enfant, vendit à un membre de la famille sa bague de fiancailles. L'enfant comprit la valeur d'un tel geste. Tant et si bien, qu'une fois la mort du membre de la famille, elle souhaita récupérer ladite bague. La bague lui glissa de nouveau entre les mains puisque l'épouse de l'héritier en était la porteuse.

A la mort de la porteuse, la fille aînée devint la dépositaire. Elle tenta sa chance auprès de cette dernière, lui expliquant l'attachement qu'elle avait en regard de cette bague. La petite cousine lui répondit que la bague avait été évaluée à un peu plus de mille dollars mais qu'elle réfléchirait à la demande. Elle ne se faisait pas d'illusions. Elle était prête à payer le prix qu'il fallait pour rembourser sa dette.

Et, l'inattendu arriva. La petite cousine accepta de céder la bague moyennant le prix de l'évaluation. Alors, sa décision fut prise. Cette bague serait destinée à son aînée qui dès sa plus tendre enfance avait été gardée par sa grand-mère. Cette aînée, qui lorsqu'elle ferme les yeux, retrouve l'odeur de sa grand-mère.

Toutes trois assises autour de la table de cuisine: elle, son aînée et sa petite-fille, elle dépose le boîtier, l'ouvre et raconte l'histoire de cette bague retrouvée, de ce qu'elle représente pour elles. Les larmes sont au rendez-vous. Des retrouvailles autour d'une bague de fiancailles, cette bague de l'engagement, de l'amour, retrouve sa place parmi les siens apaisant le coeur de ma grande amie.

Je sais ce que représente les bagues. Je porte la bague de mariage de ma grand-mère maternelle, que ma mère a modifié agréablement et que je porte tout le temps, me rappelant ainsi que je suis la fille de Paulette, fille de Johanna. Je me plais à rêver qu'un jour, une de mes petites-filles la portera à son tour.

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