De la fragilité des choses

L'aube se lève à peine, j'admire mes pommiers en fleurs, je sens les effluves des lilas qui entrent par la fenêtre du boudoir. Je suis comblée. J'ai bien failli ne pas être à ce rendez-vous printanier et j'en étais fort désolée. Ce rituel qui me tient tant à coeur, voir la nature fleurir, s'épanouir, le piaillement des jeunes oisillons, les tourterelles qui reprennent leur perchoir sur les fils électriques de ma cour et la marmotte qui année après année élit domicile en mon jardin. Cette année, il y a de l'action, le chat du voisin s'amuse à la terroriser. Pas question qu'un autre mammifère empiète sur son terrain.

Ce matin, je cueillerai du muguet pour l'offrir à mon personnel et m'offrir leur sourire. Il s'en est fallu de peu pour que je ne sois pas ici mais encore à Paris en raison de ce volcan Islandais qui risque de menacer le transport aérien. Je l'ai échappé belle. Disons, que le vol de départ a été retardé parce que les places avaient été surbookées. Pas un mot très français, mais le nombre d'anglicisme en France est effarant. Des familles ont été ainsi séparées, une jeune maman en pleurs a été accueillie avec froideur. Pour ajouter à l'injure, les passagers que la loterie n'avaient pas favorisée se sont faits servir pour excuse une grève de transport à Paris. Je vous laisse deviner, après vérification, aucune grève des transports. Qui aime se faire prendre pour un con?

Bon, mon séjour en France commence à déteindre. Deux choses ont retenu l'actualité durant ce temps. Le retrait des panneaux routiers indiquant qu'il y avait un radar et l'affaire DSK. Chaque fois que j'entendais DSK, je ne pouvais m'empêcher à PFK et me dire, il est frit le monsieur. Au début, je ne mesurais pas la portée de l'événement. Un événement comme un autre. Puis au fil du temps, des émissions télévisées, des journaux, des magazines, c'était le sujet du jour.

Est-ce que justice sera faite ? Telle est la question. David et Goliath. J'ose croire que cette femme sera entendue, comme toutes celles qui ont subi ce type d'agression. Il y a eu d'autre cas, notamment une jeune femme dont la mère est en politique et amie de la seconde épouse de ce monsieur. Pour ne pas faire de vague, il y a eu la loi du silence. Combien d'autres ? Le pouvoir ou le stress du pouvoir qui mène ces hommes à avilir d'autres femmes. Je ne me souviens plus très bien le titre du film, mais une scène semblable avait eu lieu avec un chef d'orchestre réputé qui abusait ses solites.

Je ne vous dis pas toutes les analyses lues. Il y a aussi la femme de monsieur, Madame Sinclair, qui soutient son mari dans cette épreuve. Tout comme Hilary l'avait fait avec son Bill. Je n'ai pu m'empêcher de penser à cette image que tous les hommes politiques nous renvoient, celle où ils sont main dans la main avec leurs épouses lors des sorties publiques et où ils échangent le baiser de la victoire. J'aimerais bien être dans l'intimité de ces bêtes politiques pour découvrir leur vraie nature.

De la fragilité des choses, je pense à la population de St-Jean-sur-Richelieu et des environs. Quand j'entends le nom des municipalités au bulletin télévisé, c'est une partie de ma vie qui défile devant moi. J'ai travaillé une dizaine d'années dans cette région. Je connais les maraîchers, les commerçants, j'y ai une bonne amie. La vie de plusieurs d'entre eux s'en trouvent bouleversée. Elle ne pourra plus être comme avant. Le verglas avait laissé des traces dans la mémoire collective. Ce nouveau déchaînement de la nature nous rappelle la fragilité des choses.

En fait, un peu partout sur la planète, la nature se déchaîne. Le volcan en Islande, les tornades aux États-Unis, les inondations en Australie, les tremblements de terre au Japon, la sécheresse actuelle en France, rien qui vaille pour les cultures. Nul n'est à l'abri. Ce que ces événements nous rappellent, c'est qu'une fois les biens matériels engloutis, disparus, l'être humain est face à lui-même. La véritable richesse réside en soi, à notre capacité à rebondir et dans la solidarité. Alors, comme dans la magnifique chanson de Clémence Desrochers: Cet été, je ferai un jardin

Commentaires

  1. Merci pour tes beaux textes qui me font voyager en images dans ma tête.

    Isa.

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