Etat de choc

Un après-midi de printemps, alors qu'elle discute avec des collègues, elle ressent un malaise. N'eût été l'intervention rapide de l'un d'eux, elle ne serait plus de ce monde. Réanimée à plusieurs reprises, elle sait qu'elle l'a échappé belle. Depuis, chaque nuit, la peur de la mort lui donne un rendez-vous qui n'a rien de galant. Elle tente tant bien que mal de surmonter sa peur, mais son quotidien lui rappelle l'événement. Surmenage, décès d'un proche, embonpoint, elle ne sait que penser aux autres. À présent, il lui faut se choisir.  Elle est en réadaptation, prend soin d'elle, de son alimentation et... apprend à dire non.
 
Un dimanche de février, l'élu de son cœur tire sa révérence sans crier gare. Pourtant plus jeune qu'elle, elle se dit que la vie est injuste. Elle se voyait vieillir avec lui. Pour lui, elle avait quitté un mariage confortable, mais ennuyant. Lui, il était la vie, il savait pimenter le quotidien. Il n'est plus et elle se sent en plein naufrage. Chaque jour, elle tente de sourire pour ses clientes, mais la façade ne trompe personne. Il faudra du temps au temps.
 
Le jour de ses 19 ans, elle lui a touché pour la dernière fois, récoltant le premier prix attendu par ses parents. Lasse de toujours performer, d'être reconnue pour réaliser le rêve des grands, elle a pris un chemin douloureux, s'est coupée de ce qui constituait son essence. Plus de quinze années ont passé. Les thérapies ont jalonné son chemin. Toujours elle refuse de poser ses doigts sur son corps, à pincer les cordes, à faire danser la vie. Le reel est mort. Son âme  est éteinte. Le chemin est long avant de renaître de ses cendres.
 
Le point de bascule, un accident de voiture. Deuxième récidive en état d'ébriété. À l'aube de ses 20 ans, les conséquences de son geste amputent son avenir. Plusieurs mois à attendre l'audition à la cour. Plusieurs mois où sa vie est suspendue. L'isolement, la honte,  ne sont pas la sentence, mais tout comme. Tous ces mois à se ronger les sangs, à regretter amèrement. La Couronne demande 18 mois de prison, la Défense 9 mois. On veut envoyer un message clair.
 
État de choc pour toutes ces personnes. État de choc pour moi aussi la semaine dernière en visionnant Trauma. Je pensais avoir été la seule à ressentir cet état après avoir vu le médecin se défenestrer suite à la pluie d'insultes de la directrice générale de l'hôpital. Hugo Dumas de la Presse aussi. Cela m'a rassurée. La méchanceté, je n'ai jamais compris.  L'intelligence émotionnelle n'est pas l'apanage de tous. Et mon fils cadet de me citer sa maxime: Rien n'arrive pour rien. Parfois, il pourrait aussi ne rien arriver et ce serait tout aussi bien.
 
 

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