Voyeuse
Je l'avoue, j'ai un vilain défaut... je suis voyeuse. J'aime m'asseoir dans un endroit public, observer les gens, m'imaginer leur vie. C'est ainsi que j'ai occupé une grande partie de mon week-end. Le tout a débuté par un souper dans un bistro à Boucherville, fréquenté par une clientèle de quartier. Une faune un peu éclatée en ces fêtes gourmandes. Le proprio au look dépeigné, la chemise sortie du pantalon, fait un peu faux négligé. Attention de ne pas s'y méprendre, aucun détail ne lui échappe et son personnel déambule dans la salle à une cadence militaire.
Beaucoup de femmes, quelques couples et... l'alcool qui délie les langues. Des sujets chauds parviennent à nos oreilles. Je suis avec mon homme de cœur et nos avis divergent sur ce qu'un homme observe avant tout chez une femme. Lui dit les jambes, moi je dis, les seins. Une recherche internet plus tard, nous avons tous les deux en partie raison. Je parle du look des femmes qui se distinguent selon les régions. Nous pouvons observer le look Boucherville inspiré par notre Véronique nationale. La soirée s'achève sur le sujet.
Le lendemain, ma théorie s'affine. Cette fois, nous allons dans un resto en bordure du fleuve. Le gérant a la même allure que celui de la veille: la chemise sortie du pantalon, la cadence militaire, il est toujours sur les talons du personnel. La clientèle est bigarrée. Une célébration d'anniversaire, un 5 à 7 entre amis et des gens qui comme nous assisteront au concert de l'Ensemble vocal Katimavik.
Justement, ils sont quatre. Quatre amis d'un des membres de la chorale. Aux propos tenus à la serveuse, il est clair qu'ils ne constituent pas la clientèle des concerts. J'aurais voulu être un petit oiseau pour entendre leurs commentaires à la fin de ce dernier consacré à plusieurs Magnicats, surtout l'homme à la voix de canard qui se permettait des familiarités avec la serveuse.
Les autres voisins de table faisaient plutôt BCBG. La dame, une grande voyageuse, plutôt corpulente étalait sa culture. Je soupçonne qu'elle travaille dans le domaine de la communication avec ses lunettes distinctives. Ses compagnons de table faisaient l'oreille attentive. Manifestement, elle avait besoin de s'exprimer. Elle est réapparue à la recherche d'une place alors que le concert avait commencé depuis au moins 20 minutes. Le banc à côté du nôtre disposait d'un espace vacant. La retardataire a voulu s'y glisser. Mes voisins ont fait la sourde oreille. Je n'ai pu m'empêcher de sourire. Petite leçon d'humilité pour cette femme qui croit que la terre tourne autour d'elle.
Moi, j'étais entourée de mon fils aîné, de mon homme de cœur, dans le moment présent, m'estimant chanceuse de pouvoir profiter de la vie, sans souci majeur de santé, autonome financièrement et aimée. Je ne saurais dire à combien de concerts auxquels ma sœur a participé, j'ai assisté. Chaque fois, quand je l'aperçois, je pense à nos parents qui n'ont jamais eu cette chance. Je songe aussi à l'importance d'être présente, de reconnaître son talent. Je suis fière d'elle, d'être sa sœur. Ce sont des choses auxquelles nous ne pensons pas lorsque l'on a la vie devant soi. La perspective change quand nous sommes plus loin sur le fil du temps.
Joli texte ma chère Ginette. J'aime toujours te lire.
RépondreSupprimerBravo aussi pour cet article parlant de ton livre dans Châtelaine.
Et je t'ai vu aussi à l'écran si belle et mignonne à tes 17 ans!
Bon été. xx Ghislaine