Le temps de se dire

Le temps des vacances, c'est aussi le temps de se dire, de revoir les gens qui nous sont chers. Nos occupations professionnelles ne font plus obstacles, nous sommes disponibles. À présent, je peux jouir de tout mon temps. J'ai bien l'intention d'en profiter pleinement.
 
Quelque part en Mauricie, les vapeurs d'eau effectuent un ballet sur le lac endormi. D'ex-directrices  échangent quelques confidences se déclarant heureuses d'avoir quitté un monde factice. Des enfants s'ébrouent dans l'eau, riant, se taquinant, leurs voix portant sur l'autre rive. Les nôtres s'improvisent autour d'un piano, reprenant les airs de la chanson québécoise. Une visite à Saint-Sévère nous fait découvrir une designer et un producteur de lavande. Je repars le cœur léger et un grand bien-être m'envahit quand je roule sur cette route où les arbres s'embrassent.
 
Prochaine halte : Québec, mais avant un dîner à Drummondville avec mon oncle retrouvé récemment. Veuf, pour une seconde fois, la solitude après 50 années de mariage...est difficile à vivre, surtout les repas. L'humour est présent malgré la peine. Je comprends mieux pourquoi ma tante s'était amourachée de lui. Je lui fais une demande particulière à laquelle il agrée à l'occasion de mon anniversaire. Un livre de poèmes qu'il lui avait offert. J'y découvre que ma tante affectionnait les Fables de Lafontaine. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre.
 
La vieille Capitale, me voilà. Quelques jours avec mon amie qui aime la vie en compagnie d'une autre de ses amies. La canicule, un pique-nique improvisé au bord du fleuve, souper avec ma cousine. Je retrouve une vieille amie à Trois-Rivières, j'admire le nouvel amphithéâtre, trempe mes lèvres dans un vin frais au Boralis. Les saules s'agitent au vent. Un peu de culture, exposition d'estampes, un piano public qui m'invite à me délier les doigts. Un itinérant s'amène, se met à chanter, sa voix est sublime. Telle est la vraie beauté de la musique, ouvrir le cœur.
 
La banlieusarde est de retour. Un après-midi dans une balançoire avec ma complice d'études universitaires. De nouvelles tribulations entravent sa route. Décidemment, la reconnaissance n'est pas au rendez-vous et cela m'attriste pour elle.  Trois petits tours et je m'en retourne à Québec, en pleine canicule. Je visite un petit paradis, le Bois de Marly. Je déjeune au Paillard, me recueille à la basilique-cathédrale de Notre-Dame de Québec où un organiste répète en vue d'un concert. Je me dis qu'elle est belle la vie. J'ai à présent tout mon temps pour vous dire.

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