Les dépouillements d'arbre de Noel
J'ai 3 ans, ma mère est enceinte de ma petite sœur. Mon père m'amène assister au défilé du père Noël rue Saint-Hubert. Je tiens sa main et porte un manteau brun café en tissu de laine ainsi que des petites bottes blanches dont l'ourlet est en fourrure. Je trouve qu'il y a beaucoup de gens et je me sens très petite. Il fait froid.
Nous faisons la file pour voir le père Noël. Je suis une des dernières. Quand mon tour arrive, il ne reste plus de cadeau. Déçue, on déniche une petite souris à roulettes qu'il me faut remonter avec un mécanisme pour qu'elle coure sur le plancher. Nul besoin de vous dire que la petite fille est bien contente, la maman, un peu moins. Le jouet étant de piètre qualité, il a duré peu de temps au grand plaisir de ma mère.
Il y a eu par la suite les dépouillements d'arbre de Noël de la Continental Can. Ma marraine y travaillant, elle voulait à tout prix m'y mener. Ma mère recevait pour directives de me pomponner. Cela voulait dire mettre une belle robe, des culottes à froufrous, me faire des boucles dans les cheveux; rien n'était négligé. J'avais le droit pour l'occasion de mettre du vernis à ongles argent. Un vrai privilège, la fête quoi! J'ai longuement attendu ma marraine qui tardait à venir. Plus le temps avançait, plus j'étais triste, j'avais peur qu'elle m'ait oubliée. J'étais à la fenêtre, alternant entre celle du salon et celle de ma chambre. Elle arrivait 3 heures plus tard, avec pour conséquence, que les choix étaient encore limités.
Même cérémoniale, cette fois avec mon père à Hydro-Québec. Nous devions, ma sœur et moi, faire honneur au paternel. Toutes endimanchées, parfois mère et filles habillées de mêmes manières, nous nous présentions au garage qui servait de lieu de dépouillement. Je trouvais cela ennuyeux, mon père discutait longuement avec ses amis et nous, nous faisions la tapisserie.
Les années ont passé. J'ai organisé à mon tour des arrivées de père Noël lorsque j'étais responsable du marketing de centres commerciaux. J'ai emmené mes enfants voir le père Noël tout comme l'avait fait mon père, ma marraine. Les plus beaux cadeaux de Noël sont ceux que l'on porte dans son cœur. Les miens se passent avec les miens. Simplement être avec eux, pour le plaisir de manger, de partager, de rire. Pour moi, c'est cela le bonheur.
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