Élaguer, déchiqueter en toute liberté
Dans beaucoup de magazines, il y en a que pour cette japonaise, pro de l'élagage. Est-ce que c'est parce que les baby-boomers ayant atteint ou étant en voie d'atteindre la soixantaine se délestent d'objets, de vêtements qui ne conviennent plus à leur nouvelle vie ? Je ne saurais dire. Il est vrai qu'une fois qu'on fait une pause d'élagage, notre consommation nous saute à la figure.
Quand je regarde ma garde-robe, mes vêtements ont de l'âge, mais sont toujours au goût du jour. J'ai toujours préféré investir en qualité plutôt qu'en quantité tout en privilégiant les designers québécois. Toutefois, force est d'admettre que mon corps a changé et que certains habits que j'adorais devront suivre le chemin des dons. Pourquoi s'attacher aux vêtements vous direz ? Parce qu'ils sont le reflet de notre personnalité, c'est notre manière d'exprimer à autrui qui nous sommes, de se distinguer.
Ma tournée n'est pas complétée, qu'à cela ne tienne, je me suis trouvé un autre terrain de jeu. Je suis une grande sentimentale, j'en ai d'ailleurs glissé un mot dans l'épilogue de mon dernier livre en parlant de tous ces mots, cartes reçues qui avaient rempli mon pot de biscuits. Maintenant, qu'ils ont bien nourri mon cœur, mon âme est prête à les retourner en poussière ou plutôt à les soumettre aux griffes de la déchiqueteuse. Quel bonheur dans ce détachement !
J'ai commencé par les mots d'amour reçus des hommes qui ont partagé ma vie. Ce qui est étrange, c'est le volume que cela génère une fois déchiqueté ainsi que la légèreté du sac dans lequel ils sont déposés. Je n'ai plus besoin de ces mots pour me réconforter, ils ont été, voilà tout. Au tour des cartes de souhaits de passer au bûcher. Un tour de piste de ma vie, de mes amitiés. Celles de ma famille ont été épargnées.
Reste une boîte noire. Non, pas celle des avions. Une boîte noire remplie de lettres de mes correspondances françaises. Tous ces liens que j'ai tissés depuis 1983. Des hommes, des femmes avec qui j'ai entretenu un courrier épistolaire où nous nous racontions. Des hommes, des femmes ayant le goût des arts comme dénominateur commun. Des amitiés masculines, une authenticité que seule la distance du courrier permet d'oser. Ces débuts de lettres avec : Chère Ginette, Petite Ginette, Ginette de la Capelette, Gina, Chère amie me témoignent l'affection que ces gens m'ont portée, et ce, malgré les océans. Il est vrai que la distance n'a pas d'importance. Les mots du cœur arrivent toujours à destination parvenant à m'émouvoir, plus de trente années passées. Est-ce cela l'insoutenable légèreté de l'être? Je vous laisse deviner.
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