Qu'est-ce que tu fais ?

Nouvellement retraitée, c'est la question que les gens me posent fréquemment. Et moi... de réfléchir à ce que je fais de ma nouvelle vie, puisque c'est de cela qu'il s'agit. La question est posée avec envie. L'envie se fait encore plus forte lorsque je dis que c'est le paradis. C'est pourtant ainsi que je définis ce passage de ma vie.
 
Me retirer de ma vie professionnelle active pour me choisir n'est pas une décision que j'ai prise à la légère sur un coup de tête. J'y ai pensé quelques années comme une utopie, une échéance bien à distance de mon présent. Un coup du destin m'a amené à voir les choses autrement. J'ai songé à mon père qui à 60 ans avait tiré sa révérence avec pour projet de voyager. Ce féru de liberté s'est vu cloîtrer entre les quatre murs de sa demeure en raison d'une maladie pulmonaire incapacitante.
 
Bien souvent, pour un rationnel qui est tout sauf rationnel, nous persistons dans des milieux de travail toxiques. J'ai longtemps porté une chape de plomb sur mes épaules. Elle s'alourdissait au fil du temps sans que j'en réalise le poids, m'empêchant de respirer. Ce qui me pesait, c'était la lourdeur des changements qui ne cessaient jamais. Rien ne paraissait, mais le petit canard pédalait en mautadit.
 
Puis un jour d'avril 2015, j'ai choisi de profiter du temps qui passe. J'ai fait le constat que j'avais assez usé mon capital santé et qu'il me fallait investir du temps pour le remettre à "flow". C'est bien beau les projets de retraite, mais si la santé n'est pas au rendez-vous, que tu arrives difficilement à te déplacer, la retraite aura des allures de désespérance.
 
Profiter de la vie c'est ici et maintenant, car demain nul ne sait. Il faut apprivoiser le temps et avoir des projets qui respectent son rythme. Rien ne sert de s'étourdir, juste prendre le temps de renouer avec l'être que nous sommes. Cessez de penser à faire et jouir d'être.
 
Vous voulez savoir ce que je fais ?  Chaque matin, je savoure le privilège de m'éveiller à mon rythme, de ne plus vivre les bouchons de circulation, de lire en toute quiétude, de m'adonner à mon activité favorite la contemplation avec mon nouveau compagnon Yuki. Chaque jour, beau temps, mauvais temps, je respire la vie dans ma cour tout en me trouvant privilégiée, car pour la première fois je ne suis pas pressée. Chaque semaine, la musique me donne rendez-vous avec l'enfance et le troisième âge. Je deviens marchande de bonheur. Quelle belle occupation ! Voilà ce que je suis, voilà ce que je suis devenue... et voilà ce que je fais.

Commentaires

  1. Très inspirant ce billet, ma chère Ginette.... À mijoter... mais pas trop longtemps, avant qu'il ne soit trop tard...! ;-)

    Ce jeudi, on a annoncé à ma maman qu'il ne lui restait que quelques mois à vivre... Maudit cancer qui frappe nos vies encore une fois... Ça remet toujours les choses en perspective! Continue à bien profiter de ta retraite nien méritée!

    Johanne B.

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  2. Ce matin, je suis en congé de pré-retraite.La lecture de ton billet m'a fait plaisir.Voir,que moi aussi, je n'aurai bientôt aucune contrainte. Comme bien des personnes, je pense avoir un certain temps d'adaptation...Mais je suis sans crainte je vais y parvenir. La vie nous semble parfois éternelle mais la vie en santé sera elle au rendez-vous? Nous l'espérons tous.

    Jojo

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  3. Très beau texte Ginette et encore plus beau de savoir que tu profites si bien de la vie maintenant.

    Loulou

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