Épopée hivernale

Lundi, première tempête de l'hiver. Les pros de la météo prévoient de deux à quatre centimètres de neige. Oh malheur ! la neige a à peine débuté que les prévisions sont dépassées. C'est jour de fête, enfin, je célèbre mon anniversaire. Ma soeur m' a offert un concert à la PDA pour entendre Marie-Nicole Lemieux. Au programme Bach, Brahms et le 9e de Bruckner.

Deux heures au volant de mon bolide avant d'atteindre l'esplanade de la Place des Arts pour découvrir que le stationnement rue St-Urbain n'est pas accessible. Je ne suis pas chaussée pour affronter 10 centimètres de neige. La rue Ste-Catherine a des allures de zone de guerre. Des barbelés ou presque pour délimiter les zones de circulation. Les indications sont peu claires. Nous sommes quelques uns à avancer et à devoir rebrousser chemin car c'est un cul-de-sac.

J'arrive enfin au resto pour rejoindre ma soeur. Il y a affluence. Une soupe fera l'affaire. Ma soeur revient avec le plateau et me dit que malencontreusement, elle a échappé de la monnaie dans ma soupe. Je me mets à la recherche du sou chanceux. Je souris, après tout, cette soirée n'a rien d'ordinaire, je souligne mon anniversaire. J'ai la tête ailleurs. Je pense à mon véhicule. Je suis inquiète car mon cerveau vient de me rappeler qu'il y avait un panneau orange. Je crains d'être remorquée. La poisse ! En changeant de sac à main, j'ai oublié mes papiers d'enregistrement. Je m'imagine mal, en petits bottillons, courir à la maison chercher mes papiers. Bref, je prends la décision de retourner vérifier le fameux panneau. Ouf ! je suis en règle, enfin presque, car il y a le parcomètre, cet avaleur de monnaie qui me déleste de tous mes sous.

Vous vous souvenez, c'était mon soir de fête. Je me suis couchée avec contentement. J'ai apprécié chaque moment. Je me suis trouvée privilégiée d'avoir un véhicule pour me tenir au chaud pendant que je voyais plusieurs passants attendre le transport en commun et des mères avec des poussettes ayant de la difficulté à avancer sur cette chaussée enneigée. Je me suis souvenue de jours moins heureux, quand à 17 ans, sans ressources financières, j'affrontais les froidures de l'hiver en traversant à pied le pont de Cartierville pour me rendre à mes cours, au grand vent avec des vêtements pas toujours adéquats.

Ce Noël de mes 17 ans, alors que je venais de débuter un nouvel emploi au Centre missionnaire Thérèse-de-l'enfant Jésus, Giaccomo, un nouvel employé m'avait acheté dans un magasin de type Dollorama, un réveil-matin. Ce cadeau m'avait profondément touchée. Un pur inconnu avait eu un geste gratuit à mon endroit. Il avait surtout compris ma misère dont je ne faisais état à personne.

Cette semaine, j'ai fait la Guignolée pour recueillir de l'argent afin d'offrir des paniers de Noël à mes élèves. En circulant dans les classes, j'ai lu l'étonnement, le plaisir de sentir l'équipe de direction concernée par leur situation financière. Le plus troublant, je me suis reconnue à 17 ans dans les yeux de quelques uns. Bien sûr, la neige a occupé beaucoup d'espace cette semaine dans nos vies, mais dans mon coeur, la place est avant tout à la gratitude. J'ai l'intention d'offrir à mes élèves des paniers à longueur d'année. Mais, cela ils l'ignorent encore.

Commentaires

  1. C'est très beau Ginette, j'ai encore les yeux dans l'eau. Une suggestion pour ta prochaine sortie au centre-ville, prendre le métro à Laval. Un choix judicieux!

    RépondreSupprimer
  2. En passant, le commentaire précédent c'est Geneviève et non Daniel!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La petite fille qui aimait les raisins... et les concombres

Double exceptionnalité

Le petit canard qui pédale