Pot pourri de Noël

L'enfant jamais né

23 décembre 1980. "Salut ti-cul on se reverra... ", jamais. Je suis dans une salle avec le médecin et l'infirmière. Des larmes roulent sur mes joues. Entre mon entrée dans cette salle et ma sortie, la vie sera ailleurs. Elle ne sera plus dans mon ventre. Je le voulais cet enfant. Il n'était pas un accident. D'un commun accord, nous avions cessé la contraception. Lorsque la pharmacienne a téléphoné pour annoncer la bonne nouvelle, l'heure ne fut pas à la réjouissance... non, l'heure fut à l'ambivalence. Des semaines durant à composer entre les oui et les non. Ce n'était pas le bon moment. Le bon moment est une utopie. Tous ceux qui ont des enfants le diront. Plusieurs nuits ont passées. J'étais assise dans ma berceuse à caresser celle ou celui à naître, à pleurer. J'ai choisi le mari. Une fois sortie de la salle d'avortement, il me dira: " Je regrette". Je suis restée sans voix. Le lendemain soir, au réveillon, mon beau-père m'a demandé quand je lui ferais un petit fils. Ironique non ? Je me suis tue. J'ai ravalé mes larmes, ma colère. Ce fut notre dernier Noël.

Comme un soleil

Veille de Noël, je suis au restaurant du coin avec mon chum. Une tradition en ce 24 décembre. Un grand homme, les cheveux argentés, les yeux gris-bleus, d'imposante stature circule de table en table interprétant divers airs de Noël. Ce n'est pas la propriétaire qui a requis ses services. Notre homme s'est improvisé chanteur. Il est clair qu'il a déjà chanté dans une chorale. Un geste gratuit, pour égayer la vie des gens. Arrivé à notre table, mon chum est à deux doigts de le rabrouer, je le regarde et j'écoute l'air qu'il nous a choisi. Il nous a dédié : Comme un soleil, comme une éclaircie, comme une fleur .... Je suis émue. Ce qui me touche ce n'est pas tant la voix que le regard de cet homme empreint de bonté. Au retour, j'ai décidé d'aller marcher. Le givre était présent sur les branches d'arbre, les herbes séchées. Le soleil filtrait au travers les glaçons. C'était féerique, comme un soleil.

Le réveillon

Chaque réveillon laisse sa place à la tradition et à l'innovation. Toujours la dinde, la tourtière, les atocas et les petits pois. La création se joue dans les entrées à proposer, les desserts, la table soignée. Chacun repart avec ses beignes et ses biscuits maison. Ce soir-là, il flotte une odeur particulière. L'atmosphère est détendue, à la fête. Le rire s'installe. Mes enfants, ma soeur et moi tous unis par ce lien filial. Cette année, nous avons testé nos connaissances. Mon fils aîné m'a épatée. Puis, le temps de déballer les cadeaux, nous sommes tous au bonheur de découvrir les objets convoités. La soirée se termine avec mon fils cadet, tout en sensibilité qui me partage ses perceptions de la soirée. Sans le savoir, il me donne mon plus beau cadeau. Il me dit que j'ai l'air heureux.

Noël

Les lendemains de réveillon, il faut laver la verrerie, les chaudrons, vider le lave-vaisselle, récupérer les papiers de soie, les choux. Il y a toujours la pause cinéma. Cette année, ce fut Igor et Coco. Un film d'artiste, l'art déco, les marginaux. Je quitte la maison faire un saut en vitesse chez ma cousine Geneviève qui reçoit ce jour-là. Mon oncle et ma tante sont là, le temps de se serrer dans nos bras, de prendre des nouvelles de ceux qu'ils nous restent. Les petites filles modèles de ma cousine viennent tour à tour. Geneviève nous revient métamorphosée, une vraie beauté. Anna Hathaway n'a qu'à aller se rhabiller. Le temps de lui faire déguster mes madeleines maison et d'obtenir ses conseils pour fiston, je quitte sur l'arrivée de mon cousin et de sa belle marmaille, en direction du souper de famille chez mon chum. Cette année nous célébrons le retour à la vie de Christine. 75 jours d'hospitalisation, une embolie pulmonaire, deux stomies, la perte d'un vagin. Des deuils pour elle, ses enfants, son mari. Elle tient debout, les joues rosies par le vin. C'est une battante. Elle ne se reconnaît pas dans ce corps amputé de sa féminité. Elle ne veut plus revivre ce par quoi elle vient de passer. Qui peut l'en blâmer. Je revois la publicité télévisée sur le cancer quand le patient se renverse vers l'arrière et que la famille suit. Ce sont eux aujourd'hui les personnages de la pub. Une famille unie comme il en existe peu. J'ai plaisir à être avec eux, ils sont vrais. Cette année l'échange de cadeaux a cédé sa place à des jeux organisés par les nièces qui travaillent avec les enfants. Des fous rires !

Le boxing day

Je ne suis pas une adepte de ce sport extrême. Je préfère de loin, la chaleur du foyer à la cohue de cette journée. La journée est magnifique. Nous attendons nos amis de Québec en visite dans leurs familles. Ils viennent visiter la terre de mon chum. La raquette ce sera une autre fois, il y a peu de neige. Toutefois, le terrain est balisé et nous permet de nous déplacer à travers les bois sans peine. Des pistes de perdrix, de lièvre et de chevreuil occupent les hommes. Les femmes, nous papotons du boulot, des enfants. Nos fils aînés ont grandi ensemble. Ainsi, est née cette belle amitié. Au retour, soupe maison, fromages, pâtés, desserts attendent de titiller nos papilles. Le soleil inonde la cuisine. Il fait bon d'être ensemble. En quittant, mes amis me disent à la blague que j'ai un beau chalet. En effet, la maison de mon chum à la campagne est un havre de paix.

Je me sens bénie de tous ces moments, de tous ces gens qui font que je suis qui je suis, une femme bien vivante. Joyeuses fêtes à tous !

Commentaires

  1. Je te remercie de partager avec nous ces petits moments de vie.

    Michel B.

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  2. Mercie pour les petits bonheurs que tu me donnes avec tes si beaux textes.

    Élaine

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  3. Continue ton écriture pour notre bonheur.

    Francine C.

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