Plaisirs d'hiver


L'autre jour, en me promenant au Parc Équestre, j'ai croisé deux jeunes femmes dans la vingtaine qui revenaient d'une séance de patinage. " Nous avons de belles joues rouges" s'exclamèrent-elles. Ah ! les plaisirs de l'hiver, me suis-je dit. Je me suis rappelée que j'avais à peine 5 ans, quand je les avais chaussés pour la première fois, empruntés à mes cousins de Laval-Ouest. Mon oncle faisait un rond, comme on disait à l'époque, dans la cour arrière. Ma première sortie n'était guère assurée. Je chambranlais sur ces chaussures à lames. Mes chevilles ont toujours été faibles. J'ai porté des bottines orthopédiques jusqu'à l'âge de 5 ans. Mes premiers patins de fille, je les ai eu plus tard.

Le soir, alors que mon père avait un horaire de jour, nous partions en famille patiner au parc de notre quartier. Je me revois avec mon manteau bleu, mon cache cou, mon chapeau et deux paires de mitaines (les hivers étaient plus froids), le tout bien assorti, tricotés par ma mère. Quand nous marchions, la neige craquait sous nos pas. Déjà, en arrivant au parc, j'avais les pieds gelés malgré les bas de laine faits maison. Dans la cabane, nous nous réchauffions. L'odeur du ciment mouillé se mêlait à celle des boules à mites. Mon père chaussait ses patins, puis les nôtres. Il était patient. Au retour vers la maison, la gratification était de mâcher une bonne Juicy Fruit. Les joues rouges, le coeur léger, les jambes et les pieds engourdis, un chocolat chaud réchauffait nos corps avant de nous glisser sous les draps. Il y a eu aussi ces soirs de glissade au Parc Ahuntsic. Là, aussi, cela se terminait par un bon chocolat chaud. Au registre de mes souvenirs familiaux, les plaisirs d'hiver sont les meilleurs. Mes parents étaient différents, attentifs à nous. Nous étions une famille.

A l'adolescence, j'ai patiné à l'Aréna du quartier. N'étant pas très douée, je n'étais guère souvent invitée par la gente masculine. Si par hasard un garçon se risquait à m'approcher, je déclinais. J'étais orgueilleuse. On ne peut avoir tous les talents. Occasionnellement, j'ai remis mes patins pour des sorties entre amis, pour mes enfants. Je suis définitivement pas douée. J'ai en mémoire une certaine séance avec des collègues au Vieux Port où avant même d'arriver j'ai trouvé le moyen de me retrouver les 4 fers en l'air sous le regard amusé de ces derniers. Je n'ai rien d'autre à ajouter que sur la glace ma prestation ne s'est guère améliorée.

Désormais, je m'abstiens et je profite des plaisirs de l'hiver autrement. En faisant de la raquette, quand il y a de la neige bien entendu ou simplement en marchant, en observant la nature.

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