Il faut écouter sa voix pour trouver la voie

Aussi loin que je me souvienne, le chant a toujours fait partie de ma vie. Enfant, mes parents me berçait en chantant. Chacun avait son répertoire. Mon père avait le talent pour modifier les paroles. À l'école quand ma voix se joignait à celles de mes compagnes et bien... disons qu'il y avait distorsion.

Ma première prestation devant public fut au Jour de l'An, alors que j'avais 5 ans. Vêtue de ma belle robe rouge en velours au collet duveteux et de ma belle montre Cardinal, j'ai interprété Donnez-moi des roses. Je pleurais pour cet homme qui aime en silence et qui découvre un amour impossible. Le chant a laissé place momentanément au sifflement, on m'appelait la gamine, puis il a repris du service à l'occasion de mon second mariage. Je vous fais le topo.

Enceinte de mon petit dernier, dans une église anglicane, le pasteur est une femme, en lieu d'allocution je choisis certaines chansons. J'imprime les paroles que je distribue à nos invités et, au moment venu, je les invite à joindre leurs voix à la mienne pour une adaptation de Mon mec à moi. Une photo de mon futur témoigne de l'étonnement et du ravissement. Le ravissement n'a pas duré.

Nos derniers balbutiements eurent pour toile de fond une convention de courtiers au Vénézuela. Lors de ces conventions j'étais toujours la femme de. Cette année-là, les choses ont changé. J'ai repris mon identité. Monsieur était souvent occupé ailleurs. Un soir, le groupe s'est rencontré dans une salle où il y avait un piano. Nous étions quelques uns à en jouer. A tour de rôle nous nous sommes exécutés. Je me suis retrouvée au micro à chanter et à animer le groupe. C'était particulier de voir le visage des gens. Tant et si bien que j'ai cru que je faussais. En fait, c'était l'étonnement, les gens me découvraient autrement.

Au petit matin, les collègues de monsieur, lui donnaient des tapes dans le dos en disant: Aye mon chum, tu nous avais pas dit cela que ta femme avait du talent. Ce fut le baume sur un voyage difficile. En attente de prendre l'avion, nous étions dans la salle de l'hôtel où il y avait un concours de Karaoké. Sur les encouragements d'amis, je suis allée interpréter Crazy pour le plaisir de participer. Il ne pouvait y avoir de chanson plus à propos que celle-ci. Mon plus proche concurrent avait choisi une chanson d'Elvis et il s'était très bien débrouillé. A ma grande surprise je fus couronnée grande gagnante. Mon prix ? Une bouteille de rhum que j'ai toujours.
 
L'an dernier, j'ai choisi de reprendre mes cours de chant. Pas de performance, que du plaisir. J'ai eu la chance de retrouver mon professeur. Ses cours sont nécessaires à mon équilibre. J'ai du plaisir à être avec elle. Chaque année, elle me demande de faire partie de son spectacle, et je décline. L'autre jour, au retour d'une virée montréalaise avec mon fils, je lui fais entendre certains enregistrements de mes chansons. Il a eu pour commentaire : C'est triste maman, tu as une belle voix, tu aurais pu faire carrière. Peut-être ! Je n'en ai jamais eu l'intention. Mais pendant un instant, il m'a rappelé que j'ai longtemps cru avoir une voix de fausson et que j'ai longtemps siffler pour éviter de chanter. Il serait peut-être temps que j'écoute ma voix.

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