Une matinée au musée !
Samedi matin, j'ai rendez-vous avec Marc-Aurèle. Non pas mon père, mais le peintre. Artiste prolifique, diabétique, amputé, il fut abusé par son aide-soignant qui dilapida ses oeuvres le laissant seul à son sort. Outre le récit pathétique d'une fin de vie, les oeuvres, elles, sont vibrantes. Tous les médiums sont permis: pastel, fusain, aquarelle, gouache, eau forte. Les toiles racontent la construction du Pont Jacques-Cartier, la vie dans Hochelaga, les arbres à Laval. Ici, un parc à Ahunstic. Tout cela à une époque où nos souvenirs font défaut et où il fait bon revenir. Marc-Aurèle Fortin est l'artiste que j'aurais voulu être. Peindre c'est observer, exprimer par les couleurs, être témoin de la vie et la raconter en tableau. Moi, je raconte avec les mots.
J'ai commencé à m'initier à l'application des couleurs avec mes premiers crayons Prismacolor. Un cadeau d'anniversaire pour mes 5 ans. Imaginez, plus de 48 crayons , le tout accompagné d'un grand cahier à colorier au papier glacé. Par la suite, comme plusieurs d'entre vous, une fois par semaine, avec la craie de cire, je m'appliquais à dessiner selon les thématiques retenues par notre enseignante. Un jour, j'ai eu le privilège de voir mon dessin affiché au babillard d'entrée de l'école, des poissons multicolores réalisés au pastel. J'avais été inspirée mais surtout j'étais fière de mon oeuvre. Je possède encore cette boîte de pastels témoin de ma réussite.
J'ai eu pour maître, ma mère. Elle s'assoyait à mes côtés et me montrait comment faire les lignes, développer mon sujet. Ces apprentissages, je les ai transmis à mon tour à mes fils, reprenant les leçons maternelles. J'ai aussi fréquenté les ateliers du samedi au sous-sol de l'église où j'ai expérimenté la gouache, la plasticine, les bricolages. Ces haltes artistiques me faisaient grand bien, me permettaient de me recentrer sur l'essentiel.
Au secondaire, j'ai eu une enseignante merveilleuse, peintre, de renommée internationale. Nous ignorions à cette époque sa notoriété. Je me souviens que les filles de ma classe la faisait damner. Vous savez les arts plastiques ce n'est pas la tasse de thé pour tous. Mais moi, j'étais bien aux côtés de mammy de Groot. C'est ainsi que nous l'appelions. Elle savait calmer mes tempêtes intérieures. Deux années avec elle, c'était comme deux années de Beaux-Arts. Plus tard, j'ai retrouvé par hasard un article la concernant où elle disait: "La vie est intéressante, elle est belle, il faut lui rendre hommage. Même si la vie fait mal, elle a toujours sa beauté. " C'était cela, elle me faisait voir la beauté des choses et je n'ai jamais oublié.
Un jour, j'ai eu envie d'expérimenter la peinture à l'huile. Non... pas celle à numéros, l'autre, où il faut mélanger les couleurs, dessiner sur la toile. J'ai eu la chance d'être commanditée par ma marraine. Puis, un beau-frère artiste m'a fait don d'un chevalet. Je me suis exprimée... rien qui vaille le détour mais... beaucoup de plaisir. Et... j'ai cessé de peindre, de dessiner. La flamme s'est rallumée, j'avais envie de reprendre les pinceaux. Je me suis inscrite à un cours offert par la municipalité. J'ai débuté une toile que j'ai terminée quelques années plus tard avec une amie peintre.
J'ai délaissé l'huile et ponctuellement le fusain a repris du service. Dessiner, me centrer sur l'objet, laisser mon mental s'échapper, voilà le but visé. J'ai bien sûr tâté d'autres médiums. La poterie avec Francine Walker. Elle se distingue des autres céramistes avec ses poissons. Coincidence ? Peut-être ? C'est une femme inspirée et inspirante. Quoiqu'il en soit, comme disait Gabin: " Ce que je sais, je le sais". Il y a en moi une artiste qui trouve sa voie parce qu'il y a des Marc-Aurèle Fortin, des Andrée S. De Groot, des Ghislaine Marchildon, des Francine Walker et un certain Pierre, enseignant en histoire de l'art au Collège de Rosemont. A vous tous, merci de me permettre de rendre hommage à la vie.
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