La conférencière

Jamais, je n'avais envisagé un seul instant que la prise de parole en public deviendrait ma profession. Une épreuve à un examen ministériel en français oral avait sapé toute ambition à ce titre. Je m'étais retrouvée devant ma classe, complètement aphone... paralysée. Non pas que je ne connaissais pas mon sujet, mais, toutes ces paires de yeux dirigées vers moi, c'était trop !

Puis peu à peu, je fus appelée à animer des rencontres, à participer à des émissions radio et télé.  J'ai appris les rouages de la communication. Est-ce à dire qu'après toutes ces années, le trac n'y est pas ? Non, chaque fois c'est un nouveau défi. Le public, son énergie influencent  ma prestation. Avec le temps, j'ai appris à ne pas être déstabilisée.

Ma première conférence, je m'en souviens comme si c'était hier. Elle avait pour titre: L'ABC d'une carte d'affaires. J'avais eu droit à un article dans La Presse, signé par Valérie Beauregard. Je venais tout juste de démarrer mon entreprise et j'avais choisi ce créneau de conférence non utilisé par les pros du marketing. Alors, je fus invitée par une chambre de commerce de la Montérégie. Lever à 5h du matin, la grisaille de novembre, un restaurant qui ne paye pas de mine. Mais, vous savez la détermination de la débutante.

Je fais ma prestation. Quelques questions fusent ci et là. Plusieurs portent sur les fameuses couvertures de l'annuaire téléphonique plastifiées. Ma recommandation est d'utiliser son budget à bon escient et non dans ce type de média, fort coûteux qui est un attrape-nigaud servi aux commerçants indépendants. Le lendemain, je reçois un appel téléphonique du président de la chambre qui me demande de me rétracter. Pardon ?  En fait, parmi les participants présents, plusieurs avaient annulé leurs contrats auprès d'une entreprise membre de cette chambre.

Une autre fois, je fus invitée à prendre la parole devant un groupe d'inséminateurs de bovins du Québec. Le titre de ma conférence: L'approche client. Ne riez pas. Je devais m'adresser à 3 groupes. Aussi, afin d'être bien préparée, j'étais allée la veille coucher à l'hôtel où avait lieu la rencontre. Un hôtel en bordure de la 20, tout près de Drummondville. Le garde robe était dans la salle de bain. Vous voyez un peu le genre. Le matin au petit déjeuner, j'écoutais aux tables, question de bien préparer mon amorce. Puis, je me suis dit qu'un petit tour à la salle de conférence serait pertinent.

Oh ! la surprise. Tout le plafond était en osier tressé. Le Kon TiKi ( restaurant asiatique montréalais) à Drummondville. Bref, quand il faut, il faut. Je suis à l'avant-scène, un micro sur pied avec fil qui dès que je le bouge se met à couiner. J'ai plus d'une heure à faire ainsi devant un groupe d'hommes. Je suis habillée en bleu. Je ferme le micro et là, c'est la climatisation qui s'en mêle, étouffant ma voix. Pénible... ce n'est pas le mot. Je suis là et je me dis, tout ce que ces hommes vont retenir de cette conférence c'est: Qui est cette belle inconnue, c'est la dame en bleue face à la salle... Nul besoin de vous dire que la semaine suivante, j'ai demandé une autre salle et cette fois, c'était la dame en rouge.

Quand on accepte de s'adresser à des gens d'affaires, les lieux ne sont pas toujours propices à la communication du message. Il faut parfois composer avec des clients dans la salle, d'autres fois avec les serveurs qui passent devant vous avec les plats. En d'autres mots, cela ressemble étrangement aux chanteurs qui débutent dans les cabarets. Il faut beaucoup d'humilité et de détermination pour survivre à tout cela.  I will survive , tel était mon leitmotiv.

Au fil du temps, je fus invitée à prendre la parole dans divers congrès. J'ai aussi organisé mes propres conférences. Un peu plus d'investissement en terme de temps mais beaucoup moins de surprises à l'arrivée. L'important, c'est de contrôler son environnement afin que le message puisse passer efficacement. Il faut aussi accepter que l'imprévu soit au menu.  Chaque fois, c'est toujours un nouveau défi que je relèverai prochainement. en étant invitée au colloque de l'Association des professeurs de vente de France. Mon oral de français... bien je lui dis Merci |

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