Joyeuses Pâques



Comme dirait Aznavour : " Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître". Vous souvenez-vous de ces paniers tressés en papier dans lesquels nous déposions un peu de paille et quelques œufs peints à la main que nous destinions à nos parents?

Je me souviens d'une année, où nous étions allés chez mon grand-père durant le congé pascal. Chez les Gagnon, des petits poussins caquetaient à proximité du poêle.  C'était la première fois que je prenais un poussin dans mes mains. Il était chaud, tremblant, si fragile. Un cadeau bien spécial pour la petite citadine. C'était une époque, où les parents offraient des animaux vivants, des lapins, des canards, mais... pas les miens. Ils étaient lucides. Le poussin devenu grand... je vous laisse imaginer.

Pâques est surtout annonciateur du printemps, de la vie qui reprend. Il y a de cela quelques printemps, chaque famille étrennait de nouvelles chaussures, de nouveaux gants, un nouveau chapeau et la couleur de mise était le blanc. N'était-ce pas la résurrection du Christ que nous célébrions ? Après la messe de Pâques, c'était la fête. Il faut dire que nous faisions carême. Le sucré était banni, considéré comme une gâterie. Les lapins, les poules en chocolat grandissaient avec l'âge du destinataire. Je ne sais pour vous, mais pour moi, je revois les emballages cartonnés avec fond blanc imprimé de motifs lilas et jaune. Les yeux, les boucles en sucre Candie étaient conservés pour la fin. Parfois, nous étirions le plaisir des semaines durant, pas trop longtemps, car la chaleur s'annonçait peu après.

Il n'y a qu'une fête de Pâques moins joyeuse. J'ai quatre ans, ma mère est alitée, tordue par la douleur. Un petit œuf refuse de quitter son nid. Mon père impuissant s'agite autour d'elle. Chose rare, il prépare le repas.  Je suis autorisée à voir ma mère, le temps de recevoir mon panier de cocos. Je n'ai pas trop le cœur à m'en délecter. J'ai peur que ma mère meure. Ses vagissements me foutent la trouille.  Mes cocos se délavent sous mes pleurs. Le petit œuf n'a pas ressuscité. J'en fus fort attristée, ce petit frère tant attendu n'est plus, mais j'ai encore ma mère. Je suis rassurée. Je n'ai pas eu de frère, mais la vie a permis la nidation de deux petits cocos qui colorent ma vie d'agréable façon. Je craque pour eux chaque jour, me trouvant bénie de leur présence dans ma vie.

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