Peine d'amour

Vous vous souvenez sans doute de votre première peine d’amour avec cette nette impression qu’un rouleau compresseur vient de vous passer sur le corps. Votre vie bascule, l’être aimé ne vous voit plus dans sa soupe.  

J'avais à peine 19 ans. Je travaillais au Centre missionnaire et lui, à la Ville de Montréal. De mon côté nul danger d’être courtisée, j’étais la plus jeune employée et rien qui vaille autour de moi pour attiser mes pulsions. Du sien, il en était autrement. Une secrétaire un peu plus âgée, récemment célibataire, avait jeté son dévolu sur mon homme. Peu de temps après mon anniversaire, il m’annonce qu’il me quitte pour cette nouvelle flamme. Je n’avais rien vu venir. Le ciel me tombait sur la tête. Ah ! la naïveté de mes 19 ans. J’ai pleuré ma peine sur un banc au parc Jeanne Mance une semaine durant. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus, mais ça, vous connaissez déjà.  

Je travaillais fort à tourner la page, à m’entourer pour ne pas trop y penser.  L’amour ne disparaît pas parce que l’autre nous quitte. Je suis sortie. J’ai rencontré un prétendant avec un bel avenir, une corvette. En tout cas, celui-là, il avait l’aval maternel. Très gentil, mais... mon cœur était ailleurs. Octobre arrivé, mon homme s’est lassé de sa nouveauté et m’a rappelée. Je suis revenue. Je ne vous dis pas les orages des mois suivants ! Pardonner n’est pas chose aisée. 

J’ai quitté la maison, mon amoureux n’ayant jamais trouvé grâce auprès de ma mère. J’en avais marre des discussions stériles. J’ai pris mon envol dans ma vie adulte. Nous avons vécu heureux, mais n’avons pas eu beaucoup d’enfants. Le seul que j’ai porté, il l’a refusé pour le regretter par la suite. Le pardon a ses limites et... je l’ai quitté. Il est et restera mon premier amour.

La vie a continué, j’ai aimé, j’ai encore pleuré. Comme le dit si bien Ferré : Avec le temps, tout s’en va. Une peine d’amour n’est pas uniquement l’apanage des relations amoureuses, il y a celle des amitiés perdues. Ces passages de nos vies qui nous bouleversent nous rendent plus forts.

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