Chère patiente
Je reviens d'un congé de maladie. Je vais bien maintenant. Je sais, vous vous êtes préoccupée pour ma santé. J'aimerais que le temps de consultation serve à vous écouter et vous soigner et non, pour raconter mon histoire personnelle. Merci de votre compréhension.
Voilà le petit mot que la secrétaire m'a glissé à mon arrivée. Presque deux années s'étaient écoulées depuis notre dernière rencontre. Un véritable choc quand du jour au lendemain il n'y a plus de service au médecin qui vous soigne depuis plus de 25 années. Celle à qui vous pouviez dire, sans pudeur, sans peur d'être jugée les maux qui vous tourmentent prend une pause pour une durée indéterminée. Je me suis sentie orpheline tout en me faisant du souci pour elle.
Mon médecin de famille n'a rien du médecin pour qui le chick chick compte. J'ai atterri dans son bureau il y a 28 ans à ma première grossesse. Référée par les filles de la Clinique des jeunes St-Denis, je lui ai expliqué tout en pleurs le contexte de cette grossesse. Elle m'a laissé pleurer et expliqué comment se déroulerait le suivi avec sa douceur rassurante.
Les années sont passées, elle a continué de prendre soin de ma santé et des miens. Elle connaît tout de moi ou presque. Quand elle m'a appelée par mon prénom pour la suivre à son bureau, j'étais bêtement heureuse. Elle a ouvert la porte m'a étreinte me glissant un merci pour le livre offert durant son absence. Je me suis assise dans cette pièce maintes fois vue. Nous avons fait l'état de situation de ma santé : tests à faire, prescriptions à renouveler. Jamais le temps ne s'est fait sentir.
Une recherche internet commune pour trouver la composition chimique d'un médicament. Pendant l'examen gynécologique, nous avons parlé de son travail maintenant. Une réorganisation, des choix différents. Toujours le plaisir d'enseigner à l'Université et un délestage des suivis de grossesse. Elle m'avoue candidement avoir été incapable de refuser trois patientes. Le NON ne fait pas partie du serment d'Hippocrate.
Nous avons échangé sur l'attitude des médecins spécialistes à l'endroit des gens plus scolarisés, qui posent des questions, qui veulent savoir, comprendre leur maladie. Pour cette femme médecin spécialisée dans le domaine des naissances, cette froideur apparente est difficile à vivre. Peut-être bien qu'elle n'est que protection.
Au moment de partir, nous avons parlé des rythmes de vie un peu fous, de ce sens des responsabilités propres à notre génération, de ce tourbillon de stress, de tous ces gens malades de cancer. La voilà qui me demande si je connais son diagnostic. Non, de lui répondre. Je lui rappelle que le mot remis à l'accueil est assez explicite et que si d'envie, elle voulait m'en parler, je serais disponible pour l'écouter, mais que manifestement si elle avait voulu le faire, elle l'aurait fait.
Je lui dis au revoir, de prendre soin d'elle. J'aurais eu envie de lui remettre à mon tour une prescription dans laquelle je l'aurais invité à une session pour apprendre à réfuter les objections, à apprendre à se choisir et dire non. Nous nous sommes donné rendez-vous l'année prochaine à pareille date. J'y serai.
Une recherche internet commune pour trouver la composition chimique d'un médicament. Pendant l'examen gynécologique, nous avons parlé de son travail maintenant. Une réorganisation, des choix différents. Toujours le plaisir d'enseigner à l'Université et un délestage des suivis de grossesse. Elle m'avoue candidement avoir été incapable de refuser trois patientes. Le NON ne fait pas partie du serment d'Hippocrate.
Nous avons échangé sur l'attitude des médecins spécialistes à l'endroit des gens plus scolarisés, qui posent des questions, qui veulent savoir, comprendre leur maladie. Pour cette femme médecin spécialisée dans le domaine des naissances, cette froideur apparente est difficile à vivre. Peut-être bien qu'elle n'est que protection.
Au moment de partir, nous avons parlé des rythmes de vie un peu fous, de ce sens des responsabilités propres à notre génération, de ce tourbillon de stress, de tous ces gens malades de cancer. La voilà qui me demande si je connais son diagnostic. Non, de lui répondre. Je lui rappelle que le mot remis à l'accueil est assez explicite et que si d'envie, elle voulait m'en parler, je serais disponible pour l'écouter, mais que manifestement si elle avait voulu le faire, elle l'aurait fait.
Je lui dis au revoir, de prendre soin d'elle. J'aurais eu envie de lui remettre à mon tour une prescription dans laquelle je l'aurais invité à une session pour apprendre à réfuter les objections, à apprendre à se choisir et dire non. Nous nous sommes donné rendez-vous l'année prochaine à pareille date. J'y serai.
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