Un accident est si vite arrivé

J'avais gagné le lit un peu plus tôt ce soir-là me remettant à peine de mes quintes de toux.  Un mal de tête lancinant annonciateur d'une sinusite semblait poindre. Un peu après minuit, la sonnerie du téléphone retentit: Maman,maman répond stp.  Émergeant péniblement d'un sommeil qui s'annonçait réparateur, je me levai pour prendre l'appel. Oups! Il avait déjà raccroché. Je rappelle. Pas de réponse. Je lui envoie un texto: C'est quoi le niaisage. Nouvelle sonnerie. Maman, je viens d'avoir un accident.
Que de fois ai-je imaginées cet appel. Cette fois, c'est vrai. Je m'inquiète à savoir s'il va bien, s'il n'est pas blessé, s'il n'a pas consommé. Ils sont quatre dans la voiture. Il me demande de les reconduire. Ah oui! Vous ai-je dit qu'il faisait tempête et que... les routes étaient glacées. Une voiture devant qui fait un tête à queue et puis... bang, il lui entre dedans. Parechoc avant déglingué, le capot tordu, le réservoir de liquide lave-glace percé. Mais cela, ce n'est que du métal. Le mal est ailleurs. Le choc de l'accident, les soucis des assurances quand on a vingt ans.
Quiconque a déjà eu un premier accident, se souvient sans doute de l'énervement, peu importe les conditions. Il est tendu. Il attend la remorqueuse. Où déposer le véhicule accidenté? Pour compléter le constat à l'amiable, les nouvelles technologies font des merveilles. Mes talents d'écrivaine sont mis à contribution. Je fais maintenant la dictée au cellulaire. Mère un jour, mère toujours. Je vais le chercher au garage où la remorqueuse le dépose. La nuit est courte.
Je me souviens de mon premier accident. Le père de mon fils avait eu la gentillesse de me prêter sa voiture, la mienne étant au garage pour réparation. Je travaillais à St-Jean-sur-Richelieu. Il y a un pont reliant cette ville et Iberville. Et... à un arrêt, alors que j'avais la priorité, un motocycliste a choisi de passer au moment où j'avançais. Je l'ai heurté. J'ai vu ce dernier frapper le mur de l'institution bancaire. J'ai laissé ma voiture en marche, la portière grande ouverte, pour lui porter secours. J'étais secouée, je n'arrivais pas à maîtriser mes tremblements. Je tentais de le réconforter, mais à la vérité, c'était moi que les policiers ont dû réconforter. Le motocycliste s'en est tiré avec une fracture au tibia et moi... avec l'adrénaline au plafond. Je voulais un cognac pour faire redescendre la tension.
Comment annoncer au père de mon fils que j'avais endommagé sa voiture, lui qui m'avait fait une fleur en me la prêtant? Il a su trouver les bons mots, ne m'a pas jugée. Couchée dans mon lit pendant que mon fils prenait son bain pour se remettre de ses émotions, je me suis trouvée chanceuse qu'il soit là, indemne, plus de peur que de mal et que, malgré l'heure tardive d'avoir répondu à son appel. Une expérience qu'il n'est pas prêt d'oublier.

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