L'autre

La diversité culturelle, vous connaissez? Moi, si. Depuis plusieurs décennies, je côtoie différentes ethnies. Montréalaise d'origine, le quartier où j'ai grandi jouxtait la communauté italienne. J'ai connu une Arménienne alors que j'apprenais le piano. J'ai échangé avec une correspondante française, puis africaine originaire du Burundi. J'ai d'ailleurs eu un professeur de mathématiques qui les vendredis après-midi, nous présentait des diapos de ce pays. J'ai toujours eu cette ouverture vers l'autre qu'il soit d'ici ou d'ailleurs.
Quand j'ai eu mon premier enfant, la garderie qu'il fréquentait était très multiethnique: Salvadorien, Français, Algérien, Africain formaient le paysage. Les fêtes d'enfants étaient teintées de ces cultures sans que personne y voie une frontière mais plutôt un enrichissement. J'ai par la suite immigré en banlieue, là où le québécois est roi. Quelques années plus tard, de retour à Montréal j'ai choisi un poste en gestion dans l'une des commissions scolaires les plus multiethniques au Québec.

La vérité? C'est que je n'ai jamais vu mes élèves et mon personnel comme des gens venant d'ailleurs. Je voyais des humains, qui avaient une langue maternelle différente de la mienne, des valeurs qui parfois se rejoignaient et qui parfois étaient éloignées. Je crois que les différences sont source de richesses, elles nous poussent à voir autrement. J'ai appris beaucoup. Il serait faux de dire que certains agissements n'ont pas nourri mes préjugés, mais pas de là à en faire une généralité.

L'an dernier, j'ai eu à gérer diverses situations où l'intimidation et la discrimination étaient en tête du peloton. Cela m'a amenée à poser des gestes, prendre certaines actions afin de limiter l'érosion. Il est plus facile de juger l'autre que de vouloir le comprendre.  Cette semaine, j'avais un dossier délicat à traiter. C'est alors que j'ai constaté que ma probité jouissait de deux atouts. L'intimidation ? Moi-même victime, ma tolérance à cet égard est nulle. La discrimination? Pas davantage. J'ai encore le souvenir d'un employeur qui a voulu me congédier injustement à mon retour d'un congé de maternité et que la commission des normes du travail a obligé à me dédommager.

J'ose croire que d'avoir pris le temps d'écouter l'autre, d'expliquer qui je suis aura permis de résoudre une situation qui autrement n'aura fait que dresser un mur de plus en plus difficile à franchir. Je n'ai pu m'empêcher de penser à ces autres d'origine Tchéchène, aux allures parfaitement intégrées qui ont osé en raison d'un idéal provoquer la mort d'innocentes personnes. Ce qui m'a davantage troublée, c'est tout cet arsenal d'effectifs déployé pour une chasse à l'homme. Du jamais vu. Une chasse aux sorcières des temps modernes. Pourtant, ces deux jeunes hommes sont une goutte dans cet océan d'hommes qui prisent cet idéal. D'autres viendront...

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