Chère docteure

Voilà! Cette fois, c'est notre dernier rendez-vous. J'ai bien failli le manquer. Google n'a pas fait son job, il devait m'alerter pour me signifier ton départ. C'est toi qui l'as fait, t'insinuant trois fois au cours de la même journée dans mes pensées. Avant d'aller au lit, j'ai fait ma recherche internet pour découvrir que tu nous avais quittés le lundi 19 mai. J'ai compris aussi que j'étais du nombre de tes premières patientes lorsque tu as commencé ta médecine puisque deux années d'âge nous séparent.
 
Ta sœur m'a dit que le 19 mai était la date anniversaire du mariage de tes parents et du décès de ta mère.Toi, la 7e des filles celle qui porte un don, le tien fut de soigner le corps, le cœur et l'âme de tes patientes. Je suis allée au salon funéraire pour un dernier hommage, pour honorer ta mémoire en remettant à tes enfants mon dernier livre où j'ai écrit un texte qui exprime mon attachement pour toi: Chère patiente. Tu es celle qui m'a aidée à donner la vie, il m'importait d'être là quand tu rendrais la tienne.
 
Dans cette grande salle au plafond de 20 pieds de hauteur et je ne saurais dire combien de pieds de longueur, j'ai trouvé cela froid. Rien à voir avec la chaleur humaine dont tu as toujours fait preuve. À droite, tout au bout de la salle, ta photo, des fleurs. En face, à l'arrivée, un écran qui mettait en vitrine tout plein de photos, témoignant de ta vie. Je n'ai pas pu regarder. Je me suis sentie voyeuse. J'étais venue dire au revoir à ma docteure, pas à la mère, la sœur, la conjointe. Pour cette raison, je n'ai pas offert mes condoléances à tes enfants, ni aux autres membres de ta famille. J'étais là, je devais le faire et je l'ai fait. Ta sœur a accepté de faire le facteur auprès de tes enfants.
 
Bien que tu aies été discrète sur la nature de ta maladie, j'ai appris que tu avais souffert d'un cancer du poumon.  Alors, je suis heureuse que mon dernier livre dont une partie des profits est versée à l'Association pulmonaire du Québec puisse aussi honorer ta mémoire. Je suis persuadée qu'en femme de cœur que tu es, tu veilleras sur nous.

Commentaires

  1. Très touchant Ginette! Elle poursuit sa mission c'est certain! Louisexx

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La petite fille qui aimait les raisins... et les concombres

Double exceptionnalité

Le petit canard qui pédale