Les Basques

La route est longue avant d'arriver à destination. J'ai hâte de me retrouver au bord du fleuve, de sentir l'air salin. La température est encore estivale et le soleil se pointe à mon arrivée. Le chalet que j'ai loué est un véritable petit paradis, très zen, le bois y est prédominant. Tout a été pensé pour le confort.  Je savoure mon bonheur.
 
Petite marche pour découvrir les lieux, je suis sous le charme. Au retour, un verre à la main, je profite du moment présent. Je laisse la porte ouverte pour entendre le bruit des vagues à marée haute. Je ressens ma filiation avec mes aïeux paternels.  Le lendemain, matin de lune,  j'observe le ciel émerveillée. D'un côté la lune tire sa révérence et de l'autre, le soleil s'éveille au jour. Je descends vers la grève, mon café à la main et savoure cet instant béni.
 
La température est exceptionnelle. 24 beaux degrés qui m'incitent à prendre la route vers le patelin d'origine de mon père: Saint-Clément. Quand j'étais enfant, j'avais honte de dire que mon père était originaire du Bas-du-Fleuve. Cette région n'avait rien d'intéressant pour la citadine que j'étais. Je me suis surprise à regarder sa région natale avec d'autres yeux. Les routes y sont toujours en gravier et ... là aussi il y a des travaux. Détour dans les rangs aux couleurs automnales, la poussière s'immisce un peu partout. C'est le cas de le dire j'en prends pour mon rhume, depuis quelques jours je suis enchifrenée.
 
Le hasard me fait arriver devant le petite école de rang qui a appartenu à mon grand-père et qu'un de mes oncles a restaurée. Cela me fait sourire, j'y vois un clin d'œil de la vie. J'aperçois quelques tomates dont les jours sont comptés. Je regarde ce lieu, fais quelques pas en direction de la maison paternelle, les bâtiments de ferme ont disparu. Le souvenir de mon enfance est intact, j'aperçois l'étable, la porcherie, la crèmerie.
 
Je m'en retourne pour aller rendre hommage à mes grands-parents au cimetière. Je croise des jeunes et leur demande le chemin. Aucun ne sait où il est. Ils sont en foyer d'accueil et en route pour l'école. Au dépanneur, on me donne les indications. Au bas d'une côte, reposent les familles Belzile, Malenfant,  Santerre, Pelletier, Levesque, Thériault, Ouellet, Roy, etc. Je me recueille sur la tombe de mes grands-parents, j'aperçois une plume d'oiseau tout près, je la cueille, la plante dans la terre. Je n'ai pas de fleurs, mais je leur offre ce que je suis, une femme à la belle plume comme dirait une de mes tantes. Il y a un peu d'eux dans tout cela.
 
Assise tout en haut du cimetière, j'observe le paysage. Je comprends mieux mon père avec son goût pour la nature, son côté un peu sauvage. Je songe aussi au courage de ces cultivateurs. L'odeur du fumier qu'on épand avant les premières froidures se fait sentir même aux abords du fleuve. Je suis en paix, comme ces personnes qui y reposent. ¸
 
Je poursuis vers Cacouna. Je veux valider ce que je soupçonne quant aux origines amérindiennes de mon arrière-grand-mère Thériault.  Les registres datant que depuis 1925, il est difficile de conclure à quoi que ce soit. Malécite ou Montagnaise? Où je loge, quelques livres d'histoire me donnent un nouvel éclairage.
 
Nouvel arrêt l'Isle-Verte, là où mes arrières grands parents sont nés. Ces petits villages voient peu à peu la désertion des services. À Saint-Clément ce fut le bureau de poste,  dans d'autres villages le retrait des guichets automatiques de Desjardins, dans celui-ci l'épicerie qui vient tout juste de fermer après quelques 45 années d'opération et l'an prochain ce sera la station-service. Il y a plusieurs façons de déposséder les gens et d'étioler notre patrimoine.  C'est ma réflexion sur la route au retour, sous une pluie battante. En soirée, je reçois l'appel d'une artisane qui fait du papier orné de lin, de coquillage, elle me donne rendez-vous.
 
A+

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La petite fille qui aimait les raisins... et les concombres

Le petit canard qui pédale

Petit pot de biscuits...