Avant et après

Je viens de lire l'Actualité du mois d'août 2012, plus spécifiquement l'article de Chantal Hébert, Les prédictions estivales : le Québec en mode électoral. Son scénario numéro 4 est celui qui est le nôtre depuis le 4 septembre dernier, à quelques détails près.  Pour moi, il y a le avant et le après.

AVANT
Comme à mes vingt ans, j'avais le coeur gonflé d'espoir d'un Québec nouveau, solidaire, souverain. Pendant quelques années, mon âme féministe était présente sans affichage à outrance. Notre histoire est encore jeune. Nos jeunes sont ignorants de notre histoire collective. Que savent-ils de leurs arrières-grand-mères qui ont été confinées à un rôle de reproductrice? Mes deux grands-mères ont eu ensemble 28 enfants. Leurs enfants, mes parents, leurs frères, leurs soeurs? Un, deux, trois enfants. Ma mère n'était pas une femme indépendante financièrement, ni mes tantes. J'ai compris très jeune que si je voulais m'affranchir de cette dépendance, il me fallait acquérir mon autonomie financière. J'y suis arrivée, non sans trébucher. Telle était mon ambition. Ces valeurs, j'ai aussi voulu les inculquer à mes enfants.

Le fameux plafond de verre, il existe. Je me souviens d'un conseil d'administration où j'ai siégé où l'on avait voulu me confiner à un comité alors que j'avais exprimé vouloir siéger à l'exécutif, lieu de décision. Les tractations en coulisse étaient bien ficelées. Plutôt que de me laisser abattre, j'ai utilisé les cartes que j'avais en main et je suis parvenue à mes fins, faisant un pied de nez à ceux qui avaient voulu m'exclure. J'ai appris que la patience était la meilleure alliée comme plusieurs femmes dirigeantes.

APRÈS
Comme à mes vingt ans, au lendemain du référendum, le Québec a retrouvé le chemin des hostilités. Pour certains hommes, une femme au pouvoir cela dérange. La maturité dont on faisait grand étalage n'a pas été au rendez-vous. Tous s'entendent pour dire qu'une page de l'histoire vient de s'écrire. Pas uniquement parce que nous avons une femme première ministre, mais aussi deux femmes, chefs de parti qui siégeront à l'Assemblée nationale. Ces deux femmes ont dû avoir la victoire modeste en raison des événements que nous connaissons tout comme celles qui sont fières pour elles, qui se taisent. Alors que nous devrions toutes nous réjouir, nous sommes silencieuses.

Ce silence est celui de la tuerie à la Polytechnique que nous croyions derrière nous. Ce silence c'est celui qui nous ramène là où nous ne voulons plus être. Je n'ai pu m'empêcher de penser que dans mes fonctions de travail, j'étais aussi exposée à ce genre de folie. Les décisions que je prends ont un impact sur l'avenir des gens. Elles sont prises avec coeur, rigueur. L'événement du 4 septembre est venue me le rappeler. Je suis peinée et plus vigilante.

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