Une âme bien née

Vendredi matin, c'est la journée pédagogique de la rentrée où normalement, j'ai préparé un beau discours rassembleur pour donner le ton à la nouvelle année scolaire. Certes, le plan de match est établi, le thème trouvé, mais... pour la première fois je m'autorise à être moins parfaite. Je consolide l'année dernière. Tout le monde est bien content, une petite pause au niveau du changement.

Alors, j'arrive au lieu de notre rencontre. Une salle de réunion qui donne en pleine nature. J'ai à peine déposé mes effets qu'il fait son entrée. Salutations d'usage sous le vocable de monsieur, du vous et présentation de l'équipe. Il s'assoit, échange avec les gens. Si sa tête n'était pas aussi connue, nous aurions pu croire qu'il était des nôtres. Le temps file puis le voilà sur scène à nous entretenir de notre parlure, de son vécu d'immigrant, de nous raconter sa famille. Tout le monde aimerait bien rencontrer son grand-père. Même prénom que ce dernier, même claudication tant et si bien que son père croit qu'il est sa réincarnation,qu'il appelle son fils papa.

Cette semaine, le 50e anniversaire du discours de Martin Luther King était sur toutes les lèvres. J'ai eu l'occasion d'échanger avec un élève d'origine africaine qui se définissait comme un brun. Une nouvelle appellation? Des nègres aux noirs, nous voilà avec les afrosaméricains et maintenant les bruns...! À vrai dire, la couleur de la peau est secondaire. L'âme n'a pas de couleur. Les vieilles âmes non plus. Une vieille âme, voilà ce que je crois qu'il est.

Le vedettariat il n'en a que faire. Il aime les gens, il aime raconter, il aime partager. Son parler savoureux, sa générosité hors du commun font de lui un être attachant. Pour lui, ce qui compte c'est être. J'aurais bien aimé assister à ses cours cela ne devait pas être triste. Du vous, nous sommes passés au tu. C'est ainsi que les Africains se parlent. Ils sont tous frères, ils sont tous soeurs.

L'auditoire était composé à 40% de personnes issues de l'immigration. Plusieurs se sont reconnues dans ses propos. Il en faut du courage pour quitter son pays, recommencer à zéro ou presque.Le Québec d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'hier. Nous oublions parfois que nous, Québécois, sommes des immigrants. Nous sommes venus d'ailleurs. Lors de la période de questions, une pelure de banane lui a été lancée. Quelqu'un voulait connaître son opinion sur la nouvelle charte de la laïcité. Au lieu de glisser dessus, d'évacuer la question, il a pris le temps de répondre. J'ai admiré son élégance! Je suis d'accord avec Racine:
Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années. Merci Boucar!

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