Vider l'appart
Samedi matin, il fait un temps superbe. Un matin du mois d'août où plus la journée avance, plus le soleil réchauffe le sol, les cœurs. Un camion loué pour l'occasion fait son apparition. Ma voisine déménage? Non! J'observe les gens, les échanges. Il s'agit plutôt d'un leg, les derniers vestiges d'une personne défunte qu'une famille se partage. C'est loin derrière moi tout cela, mais... je compatis. Je sais ce que c'est que vider l'appart. Je dirais même que c'est à cette étape du deuil, que la douleur s'infiltre, nous habite, parce que nous devons effacer rapidement le passage d'un être cher. Les familles de défunts proprio ont plus de chance, elles ne sont pas dans l'urgence.
La première fois, c'est au décès de ma mère dans un trois et demi. L'odeur du tabac imprégné dans les meubles, les tapis, les vêtements. Cette odeur que j'ai trainé longtemps chez moi rue Davidson. Le tapis du salon, le manteau de suède, celui en vison. Il a fallu que je le fasse remodeler pour enfin l'effacer. Après les odeurs, il y a le sentiment de voyeurisme, d'être dans l'intimité sans y avoir été invité. En ouvrant les tiroirs, je découvre ses dessous, des cartes de souhaits que nous lui avons donné, mes souliers de petite fille, ceux en cuir patan que j'aimais tant. Des tranches de nos vies défilent en si peu de temps. Je me revois assise sur le divan en velours doré, désemparée et ma sœur qui me dit qu'elle est avec nous. Je m'en fous, tout ce que je veux, c'est qu'elle revienne. Alors a débuté un long périple pour aller à ma rencontre. A tout le moins, une partie du chemin.
Quelques années plus tard, ce fut l'appart de belle-maman qu'il fallait vider. Un autre trois et demi, où elle avait plaisir à nous recevoir très à l'étroit, ayant toujours une petite attention pour ses petits-fils. Le repas se terminait avec la vaisselle qu'elle s'obstinait pour la forme à vouloir faire seule. Une femme aimante. Lorsqu'elle est décédée, nous étions à l'extérieur du pays avec son autre fils. Elle est morte dans l'appartement, seule, sans personne pour lui porter secours. J'ai eu beaucoup de peine de la savoir seule à ce moment du départ. Mon beau-fils a glissé un paquet de cartes dans sa tombe parce qu'avec une grande patience elle jouait au paquet voleur avec lui. Moi, j'aurais bien voulu me glisser dans son appartement afin qu'elle ne rende pas l'âme seule.
En 2000, ce fut au tour de mon père de prendre le large. Une C difficile l'a emportée en raison d'une santé précaire. Je me suis retrouvée orpheline. Un autre long périple s'annonçait. J'ai eu la chance de l'accompagner. Cela apaise bien des tourments. Le grand vide fut après, quand il fallut vider l'appartement qui m'avait vu grandir. Il y avait cet odeur d'assouplisseur qui occupait le moindre pouce carré. Les outils sentaient le Fleecy ou peut-être bien le Downy, mais chaque fois que je sens cette odeur, je suis transportée dans cet appartement, je pense à mon père. Le vide, c'était ma vie qui filait, comme s'il était le dernier gardien de mon enfance, de ma naissance. J'ai mis moins d'années à m'en remettre. J'ai accepté mon statut et les jours de grand cafard, je pose la catalogne rose qui accompagnait ses nuits afin de sentir sa présence apaisante.
La vie continue malgré tous ces départs qui me chagrinent. Mon amie Madeleine, mon amie Josée, mon cousin Richard, mon ami Normand, des collègues de travail. Je pense à eux avec bienveillance. Ils sont là, bien vivants tant que je me souviendrai d'eux.
La première fois, c'est au décès de ma mère dans un trois et demi. L'odeur du tabac imprégné dans les meubles, les tapis, les vêtements. Cette odeur que j'ai trainé longtemps chez moi rue Davidson. Le tapis du salon, le manteau de suède, celui en vison. Il a fallu que je le fasse remodeler pour enfin l'effacer. Après les odeurs, il y a le sentiment de voyeurisme, d'être dans l'intimité sans y avoir été invité. En ouvrant les tiroirs, je découvre ses dessous, des cartes de souhaits que nous lui avons donné, mes souliers de petite fille, ceux en cuir patan que j'aimais tant. Des tranches de nos vies défilent en si peu de temps. Je me revois assise sur le divan en velours doré, désemparée et ma sœur qui me dit qu'elle est avec nous. Je m'en fous, tout ce que je veux, c'est qu'elle revienne. Alors a débuté un long périple pour aller à ma rencontre. A tout le moins, une partie du chemin.
Quelques années plus tard, ce fut l'appart de belle-maman qu'il fallait vider. Un autre trois et demi, où elle avait plaisir à nous recevoir très à l'étroit, ayant toujours une petite attention pour ses petits-fils. Le repas se terminait avec la vaisselle qu'elle s'obstinait pour la forme à vouloir faire seule. Une femme aimante. Lorsqu'elle est décédée, nous étions à l'extérieur du pays avec son autre fils. Elle est morte dans l'appartement, seule, sans personne pour lui porter secours. J'ai eu beaucoup de peine de la savoir seule à ce moment du départ. Mon beau-fils a glissé un paquet de cartes dans sa tombe parce qu'avec une grande patience elle jouait au paquet voleur avec lui. Moi, j'aurais bien voulu me glisser dans son appartement afin qu'elle ne rende pas l'âme seule.
En 2000, ce fut au tour de mon père de prendre le large. Une C difficile l'a emportée en raison d'une santé précaire. Je me suis retrouvée orpheline. Un autre long périple s'annonçait. J'ai eu la chance de l'accompagner. Cela apaise bien des tourments. Le grand vide fut après, quand il fallut vider l'appartement qui m'avait vu grandir. Il y avait cet odeur d'assouplisseur qui occupait le moindre pouce carré. Les outils sentaient le Fleecy ou peut-être bien le Downy, mais chaque fois que je sens cette odeur, je suis transportée dans cet appartement, je pense à mon père. Le vide, c'était ma vie qui filait, comme s'il était le dernier gardien de mon enfance, de ma naissance. J'ai mis moins d'années à m'en remettre. J'ai accepté mon statut et les jours de grand cafard, je pose la catalogne rose qui accompagnait ses nuits afin de sentir sa présence apaisante.
La vie continue malgré tous ces départs qui me chagrinent. Mon amie Madeleine, mon amie Josée, mon cousin Richard, mon ami Normand, des collègues de travail. Je pense à eux avec bienveillance. Ils sont là, bien vivants tant que je me souviendrai d'eux.
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